Les cendres crachées par les volcans constituent un risque majeur pour l'aviation civile car elles peuvent endommager les moteurs des avions et réduire à néant la visibilité. Au cours des vingt dernières années, 80 cas d'avions pris dans des nuages de particules volcaniques ont été recensés : les cendres ont failli entraîner la perte de deux Boeing 747 qui avaient près de 500 personnes à leur bord et ont endommagé vingt autres appareils avec des coûts de réparation atteignant des centaines de millions de dollars, selon des experts. « La cendre volcanique dans la haute troposphère peut causer une panne de moteur, endommager les pales des turbines ou les sondes électroniques Pitot, pouvant provoquer la perte de l'appareil et des morts », ont-il affirmé. « Les cendres volcaniques constituent une réelle menace pour les réacteurs des avions », a expliqué à France 24 le journaliste et ancien géologue Ted Neil. « N'importe quel avion en provenance d'Europe vers les Etats-Unis prendra le risque de traverser un nuage et ce n'est pas un risque qui en vaut la peine », poursuit le scientifique. Rédacteur en chef de Geo Scientist, Ted Neil décrit la menace que présentent les cendres volcaniques comme « une des plus imprévisibles et potentiellement meurtrière » pour les avions en vol. « Les cendres volcaniques ont tendance à s'installer dans l'atmosphère à une altitude de 11 000 mètres, soit l'altitude de croisière normale d'un avion. Si ces cendres sont si dangereuses, c'est à cause des poussières si fines, quasiment invisibles à l'œil nu. Seul un satellite en orbite pourrait être en mesure d'identifier clairement ces cendres », explique le scientifique. C'est pourquoi des pilotes traversent des nuages de cendres sans le savoir, entraînant ainsi l'aspiration de nanoparticules de poussières volcaniques dans les réacteurs de l'avion. Celles-ci vont fondre, puis coaguler, pour finalement boucher les réacteurs. C'est l'un des scénarios les plus déroutants et effrayants pour un pilote. « Tous ses réacteurs s'éteignent un par un sans raison claire. Les voyants sont encore allumés et tout le reste semble normal : les niveaux de carburant sont OK car le carburant continue à alimenter les réacteurs, mais ces derniers ne répondent plus. Donc les quatre réacteurs vont, de façon soudaine et inexplicable, tomber en panne et l'avion se transforme alors en planeur sans moteur. » Ce type d'évènement est très rare et était même inconnu avant 1982, lorsqu'un vol de British Airways en provenance de Kuala Lumpur (Malaisie) a évité de peu la catastrophe après avoir traversé un nuage de cendres au-dessus du Pacifique. L'appareil avait chuté de plusieurs milliers de mètres avant que les moteurs ne redémarrent. Selon le Service national du trafic aérien britannique (NATS), la décision de fermer l'ensemble de l'espace aérien outre-Manche est sans précédent dans l'histoire contemporaine. Même les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis n'avaient pas entraîné une suspension totale du trafic. Le défi est d'autant plus sérieux que les nuages de cendres sont difficiles à distinguer des nuages ordinaires, à l'œil comme au radar. L'Organisation de l'aviation civile internationale a par conséquent mis en place « une veille volcanique internationale des routes aériennes ». Soit un réseau de neuf stations spécialisées qui observent jour après jour la formation et le déplacement des cendres volcaniques et conseillent régulièrement les pilotes sur les routes à suivre et celles à éviter.