Synthèse de Hassan Gherab C'est quoi au juste un nuage de cendres, et que se passe-t-il quand il survole un pays ? Toutes les éruptions volcaniques produisent des panaches de fumée et de cendres, dont la taille varie selon l'intensité de l'éruption. Ces nuages sont composés de particules de roches et de minéraux qui ne dépassent pas les 2 mm, mais également de gaz, voire parfois de blocs de cendres. La formation d'un nuage de cendres et ses dimensions dépendent des conditions de l'éruption et de son importance. Ainsi, une première éruption du volcan du glacier Eyjafjallajokull en mars dernier n'avait pas entraîné un nuage comparable, car elle avait été progressive. La formation du nuage du jeudi 15 avril a été en fait provoquée par le contact soudain entre le magma du volcan et la glace alentour. La météo et la durée de l'éruption jouent ensuite un rôle important dans la propagation du nuage. Les vents forts ont ainsi favorisé le déplacement du nuage de ce jeudi. La durée de l'éruption est impossible à prévoir, et peut aller «de plusieurs jours à plus d'un an», affirment les vulcanologues. La ministre norvégienne de la Santé avait, pour sa part déclaré qu'on ne pouvait pas «exclure que la situation dure plusieurs semaines». Toutefois, il faut préciser que le nuage islandais reste dans la catégorie des petits voyageurs. A titre d'exemple, les cendres envoyées dans l'atmosphère suite à l'éruption, en 1991, du Pinatubo, une des plus importantes du XXe siècle, ont fait plusieurs fois le tour de la Terre pendant près de trois ans. Les effets d'un nuage de cendres comme celui du Pinatubo peuvent être planétaires. L'apport d'une quantité importante d'aérosols dans la stratosphère avait entraîné une diminution de la luminosité de 10% à la surface de la Terre et un refroidissement mondial estimé à 0,6° sur une période de deux à trois ans. Dans le cas de l'éruption du volcan du glacier Eyjafjallajokull, le nuage se situe dans la troposphère (moins de 10 km), et n'aura pas d'influence sur la couche d'ozone et donc sur la température. Du moins si le phénomène s'arrête vite. Dans le cas contraire, certains météorologues et vulcanologues prévoient les mêmes effets qu'avec le nuage du Pinatubo. Et pour l'heure, il n'est pas exclu que l'activité d'Eyjafjallajokull se poursuive, et même que d'autres volcans se réveillent dans la région. Plusieurs géologues islandais ont indiqué samedi dernier que l'activité volcanique s'est accrue en Islande. «Nous sommes probablement parti pour une série d'éruptions de volcans islandais. Un nombre important est prêt à entrer en activité et vont probablement le faire dans les prochaines années. Les deux dernières fois que ce volcan Eyjafjallajokull est entré en éruption, il a été suivi par une éruption plus importante du volcan voisin, le Katla», a déclaré à la BBC le volcanologue Thor Thordarson. Le Katla a été l'un des volcans les plus actifs et les plus destructeurs par le passé d'Islande. Sa dernière éruption remonte à 1918. Le volcan Eyjafjallajokull était, lui, dormant depuis 187 ans. Ces derniers jours, les vents soufflant en Islande ont dégagé la visibilité et vont permettre aux scientifiques de survoler pour la première fois le volcan et de déterminer avec précision l'intensité de son activité. En ce qui concerne les conséquences d'un nuage de cendres sur les régions qu'il survole, elles dépendent surtout de leur proximité avec le volcan. Pour la sécurité aérienne, les cendres limitent la visibilité et peuvent endommager les réacteurs, d'où les nombreuses perturbations du trafic. Si le nuage survole une partie d'un pays, ses effets seront limités car la plupart des cendres se seront dispersées. On peut s'attendre tout au plus à une baisse momentanée de la luminosité. Les personnes à risques pourront également rencontrer des difficultés respiratoires similaires à ce qui peut se produire lors de pics de pollution. En février dernier, l'éruption d'un volcan sur l'île de Montserrat avait entraîné la fermeture des crèches, des écoles, des lycées et des collèges en Guadeloupe, distante de 80 km. Mais de l'avis de nombreux scientifiques, les particules d'un nuage de cendres ne présentent pas autant de dangers que les nanoparticules «dont on ne parle pas beaucoup, bien qu'elles soient de plus en plus présentes dans différents produits qu'on nous propose», soutiennent-ils.