En se déplaçant hier matin à l'aéroport international d'Alger, les voyageurs étaient convaincus que des vols vers des villes du sud de l'Europe sont programmés. La compagnie nationale du transport aérien, Air Algérie, l'avait annoncé la veille. Mais ils n'ont pas de chance. En quelques heures, la donne a changé ; les nuages émis par un volcan islandais en éruption depuis mercredi dernier ont couvert également le sud de l'Europe. Du coup, les aéroports qui servaient de fenêtre d'entrée au vieux continent ont été fermés et les vols ont été annulés. Des centaines de passagers ont donc fait le déplacement « pour rien » à l'aéroport international d'Alger. Ils sont vraiment pénalisés. « Le vol Alger-Marseille était programmé pour aujourd'hui. Et maintenant on nous dit que tous les vols sont annulés. Je n'ai rien compris », lance une jeune émigrée algérienne qui s'apprête à repartir en France. Comme elle, de nombreuses personnes se sont déplacées à l'infrastructure aéroportuaire dans l'espoir d'avoir une place dans un avion en partance vers le sud de l'Europe (Marseille, Nice, Rome ou Barcelone). Ils sont de différentes nationalités : algérienne, française, chinoise… Il semble que leur jour de chance n'est pas ce dimanche 18 avril. « Je voulais me rendre aux Pays-Bas pour assister à un séminaire sur les médias et les droits de l'homme, qui doit s'ouvrir aujourd'hui (hier, ndlr). Comme le nord de l'Europe est bloqué, je voulais me rendre à Marseille pour faire le déplacement par train vers les Pays-Bas. Mais là, je suis bloqué », déclare, Bourefis Moussa, militant des droits de l'homme, qui se dit déçu. Notre interlocuteur affirme que ce phénomène pénalise tout le monde. « Il y a des gens qui doivent reprendre leur travail dans leur pays d'accueil et d'autres qui ont pris des engagements. Avec ce blocage, ils ne peuvent rien faire », estime-t-il. Selon lui, les agents d'Air Algérie ont bien expliqué la situation et les passagers ont compris que personne ne peut prévoir ce genre de phénomène. « Tous les vols programmés pour aujourd'hui ont été annulés. Ce matin, il y a eu même des passagers qui ont embarqué vers Rome. Mais quelques minutes après ils ont été invités à redescendre d'avion », ajoute un autre passager. Pour une meilleure orientation des clients, la compagnie nationale a ouvert un guichet spécial. Des dizaines de personnes se sont rassemblées devant le guichet en question. Un coût de 300 millions de dinars par jour pour Air Algérie En plus de la recherche d'informations, ces derniers espèrent entendre de bonnes nouvelles de la bouche des hôtesses d'Air Algérie : l'annonce de la programmation d'un vol. C'est le cas de ce couple de français qui veut se rendre à Bordeaux. « Il y a un seul vol Alger-Bordeaux par semaine et il est programmé dimanche. Si nous ne voyageons pas aujourd'hui, nous devons attendre jusqu'à dimanche prochain », explique l'homme. Certains passagers se posent même la question de savoir pourquoi on ne mobilise pas le transport maritime pour résoudre ce problème. Cette solution est envisagée par les responsables d'Air Algérie. « Mais seulement si la situation de blocage persiste encore », explique Beldi Mohamed, chef d'exploitation de la compagnie. Selon lui, la compagnie ne peut rien faire. « Nous dépendons des aéroports européens. Nous ne savons pas quand est-ce qu'ils seront ouverts à nouveau. En tout cas, nous sommes prêts à mettre des vols supplémentaires pour rétablir la situation », ajoute-t-il. De vendredi à dimanche, Air Algérie a dû annuler 64 vols, dont 36 au niveau de l'aéroport d'Alger. Des vols vers Pékin (Chine) ont été également annulés hier. Conséquence : près de 21 000 passagers n'ont pas pu rejoindre leurs destinations et ils sont restés bloqués en Algérie. Ces annulations se sont avérées très coûteuses pour Air Algérie qui enregistre, ajoute-t-il, une perte financière de 300 millions de dinars par jour.