Une réunion a regroupé, dimanche dernier à Alger, de nombreux représentants du mouvement associatif féminin et des militants des droits de l'homme. Cette réunion a pour objectif la solidarité avec les femmes victimes de violences à Hassi Messaoud. Un collectif de soutien a été mis en place à cette occasion et doit prendre contact avec les pouvoirs publics pour les interpeller sur la situation des femmes travailleuses de cette ville pétrolière. Après un long débat, les participants à cette réunion ont proposé l'organisation d'un rassemblement devant le ministère de l'Intérieur pour « dénoncer les agressions » dont sont victimes les femmes à Hassi Messaoud et appelé à prendre des « mesures urgentes » pour mettre un terme à cette « dérive ». Une délégation sera constituée pour faire part de ces « préoccupations » aux plus hautes autorités du pays, notamment les ministres de l'Intérieur et du Travail, auxquelles une lettre ouverte sera adressée. Les participants se sont également entendus pour informer l'opinion publique de ces actions à travers une conférence de presse prévue samedi prochain à Alger. A signaler que les initiateurs de cette action font partie du Réseau Wassila, de l'Association pour la défense et la protection des droits des femmes (ADPDF), de l'Association pour l'émancipation des femmes (AEF), de l'Association du planning familial (APF), de l'Anadde, de l'Atustep, d'Amusnaw, de l'Association d'aide aux victimes de violence femmes et enfants (Avife), du Centre d'information et de documentation des droits des femmes et des enfants (Ciddef), du Collectif des femmes du printemps noir, de Djazaïrouna, de Femmes en communication (FEC), de Femmes PLD, de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH), de Rachda, de SOS Femmes en détresse et de Tharwa Fatma n'Sumer. Par ailleurs, alors que la société civile s'organise pour exprimer son soutien aux victimes de violences à Hassi Messaoud, lieu des agressions, les réactions ont pris une voie tout à fait contraire. Dans un communiqué transmis à notre rédaction, le « Club sportif pour femmes championnes du Sud, haltérophilie et culturisme » – quel exploit pour les femmes de Hassi Messaoud !!! – présidé par Dadi Mohamed, le Club sportif pour femmes (salle omnisports) dirigé par Bilramoul Amar, le Club sportif Nasria (sans signature), le Croissant-Rouge algérien (censé prôner la tolérance et être toujours du côté des victimes), la représentante des droits de l'homme, Khalfa Fadhila, ainsi que les « notables » Daknati Tahar, Kouidri Miloud, Dakiche Mohamed, Atia Messaoud, Touahir Ali, Al Amri Mohamed Salah, Ammar Sakhri et Daknati Sabal « ont nié tous les faits rapportés par le journal El Watan, dans son édition du dimanche 11 avril, sur la chasse aux femmes vivant seules dans les quartiers des 36 et 40 Logements à Hassi Messaoud ». Ils ont dénoncé ce qu'ils ont qualifié « d'opération de déstabilisation » et accusé le journal de faire dans « la propagation de l'anarchie et la terreur ». Selon eux, la région de Hassi Messaoud « est très propre et ne tolère pas de tels actes », rappelant au passage les événements d'El Haïcha, en 2001, « ourdis par des mains étrangères et réglés grâce aux efforts des autorités militaires et civiles ». Ils ont, par ailleurs, fait l'éloge des « efforts colossaux consentis par les services de sécurité pour faire baisser de manière importante la criminalité », tout en précisant que le reportage « est un coup que le journal assène à la stabilité sécuritaire et économique (…). Ce qui se passe dans le monde en matière de criminalité ne peut être comparé à ce qui s'est passé à Hassi Messaoud ». Se déclarant « représentants de la société civile, des défenseurs des droits de l'homme, des présidents des associations culturelles, sportives, des élus locaux et des notables ont exigé des excuses publiques » faute de quoi ils menacent de « recourir à la justice ». Visiblement, les accusations portées par les victimes contre les services de police n'ont pas été du goût de certains, à Hassi Messaoud. En tout état de cause, il est important de préciser que les quartiers des 36 et 40 Logements ne sont plus aussi insécurisés qu'avant la publication de notre reportage. Selon des témoignages de femmes qui y résident, les rondes effectuées depuis quelques jours, de nuit comme de jour, par des policiers véhiculés ont mis fin aux attaques nocturnes des maisons par des bandes organisées de délinquants. Depuis une semaine, les femmes peuvent dormir tranquillement sans être réveillées par les bruits des portes fracassées. Reste à savoir si les plaintes qu'elles ont déposées contre leurs agresseurs vont connaître une suite….