Dans une lettre ouverte adressée au wali d'Alger, douze femmes, victimes de violences à Hassi Messaoud, interpellent le premier responsable de la wilaya de Ouargla, dont dépend la ville de Hassi Messaoud où elles ont fait l'objet d'agression. Les signataires indiquent qu'« en raison de l'absence de sécurité, chaque soir des jeunes armés de couteaux, barres de fer, sabres et bâtons attaquent leurs domiciles pour voler tout ce qui a de la valeur avant de les humilier et de les tabasser ». De ce fait, elles appellent le wali à « prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des citoyennes de Hassi Messaoud et celle de leurs biens ». Parallèlement, plusieurs associations ont condamné hier ces violences et interpellé aussi les autorités sur ce qu'elles qualifient de « graves dérives ». Dans un communiqué commun signé à l'issue d'une réunion tenue à Alger, mardi dernier en fin de journée, les représentants du réseau Wassila, de l'Association pour la défense et protection des droits des femmes (ADPDF), de l'Association pour l'émancipation des femmes (AEF), de l'Association du planning familial (APF), de l'Anadde, de l'Atustep, d'Amusnaw, de l'Association d'aide aux victimes de violences femmes et enfants (Avife), du Centre d'information et de documentation des droits des femmes et des enfants (Ciddef), du Collectif des femmes du printemps noir, de l'association Djazairouna, de Femmes en communication (FEC), des femmes du PLD, de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), de la Ligue algérienne des droits de l'hommes (LADH), des associations Rachda, SOS Femmes en détresse, Tharwa Fatma N'sumer, ainsi que deux victimes des attaques de 2001, à El Haïcha (un quartier de Hassi Messaoud) Fatiha Mamora et Rahmouna, ont déclaré être « profondément choqués par la nouvelle tragédie vécue par des femmes venues de différentes régions d'Algérie travaillant et vivant dans des habitations précaires à Hassi Messaoud, une des villes les plus sécurisées du pays ». Ceci et de préciser que « le martyre qu'elles viennent de subir est la répétition macabre des événements de 2001 », lorsqu'une horde de 300 hommes avait attaqué une centaine de femmes à El Haïcha, leur faisant subir les pires atrocités. Tout en réaffirmant leur « entière solidarité » aux victimes, les représentants du mouvement associatif ont exprimé leur « indignation et émotion face aux actes barbares que des criminels déchaînés commettent sans répit en venant et revenant plusieurs nuits de suite, depuis quelques semaines, sur les lieux de leurs forfaits (…). Des attaques relevant du même type d'agresseurs lâches et cyniques provoquant des actes méticuleusement organisés, donc mûrement prémédités sinon commandités. le même type de scénario d'horreur aussi où les criminels regroupés et encagoulés terrorisent chacune des victimes parce qu'elles sont isolées et sans défense. Encore le même type de violences extrêmes où la rapine, les injures et la torture visent à humilier et à réduire à néant les femmes parce qu'elles sont femmes. Et enfin la même volonté, via de tels actes de terreur, de dissuader toutes les femmes d'exercer librement leur droit au travail, où que ce soit sur le territoire national, et de les punir parce qu'elles vivent seules ». Selon les signataires, ces attaques « rappellent étrangement les viols collectifs des femmes par les terroristes, ce crime contre l'humanité, tache noire qui a mis en péril notre avenir et celui de toute la société ». Et d'indiquer que « cette répétition et continuité d'actes intolérables n'est possible que par la complicité et le silence non seulement des institutions et des autorités locales, mais aussi le laxisme de la société. D'ailleurs, l'absence de réaction citoyenne et de médiatisation de cet événement est frappante et inquiétante ». En conclusion, les associations ont appelé les pouvoirs publics à « assurer la protection de ces femmes victimes encore sous le coup de la menace quotidienne » et à leur garantir « une prise en charge globale (médicale, psychologique, sociale et juridique) ».