De toutes les savantes analyses sur le gaz développées ces derniers jours, le commun des Algériens retiendra une chose simple mais terrifiante en même temps : le gaz devait prendre la relève du pétrole (de plus en plus rare et précieux) et assurer la continuité de la prise en charge des besoins économiques et sociaux du pays. Mais catastrophe, à l'avenir, cet hydrocarbure se vendra de moins en moins et pratiquement au rabais, le marché mondial étant complètement saturé, l'offre dépassant largement la demande. Ce sera déjà bien si l'Algérie arrive à assurer ne serait-ce que le fonctionnement de toutes les installations gazières qui ont coûté des fortunes. Et ce n'est pas la réunion chaotique d'Oran qui changera les choses ni d'ailleurs tout autre forum mondial. L'implacable réalité est devant nos portes, le gaz, de par son abondance, ne coûtera presque rien et le pétrole a déjà sonné son déclin. S'il faut chercher un coupable ce n'est ni du côté des USA, arrivés par la puissance de la technologie à s'autosuffire, ni du côté de la Russie qui s'est donné les moyens d'inonder l'Europe de son abondant gaz, ni enfin du côté du Qatar – et d'autres Etats – cherchant légitimement, eux aussi, à se faire une place sur le marché mondial. Le coupable est chez nous, bien installé dans ce qu'on appelle le pouvoir : il n'a pas su créer une richesse de substitution aux hydrocarbures alors qu'il avait l'argent nécessaire, ne serait-ce que dans la cagnotte remplie à ras bord entre l'an 2000 et l'an 2008. De plus, il avait à sa portée, ce qui n'est pas rien, de formidables atouts dits structurels : une main-d'œuvre jeune et abondante, un territoire immense et diversifié, un savoir-faire manuel ancestral, une situation géographique du pays exceptionnelle, etc. En dix années, un nombre infime d'entreprises a été créé et très peu de postes de travail ont été pourvus, ce qui a poussé la Banque mondiale à déclasser l'Algérie et à la reléguer carrément dans le dernier peloton des pays créateurs de richesses. Sans aller loin, son dernier classement la couvre de honte : 143e sur 183 et les Etats que côtoie notre pays ont au moins la circonstance atténuante du dénuement financier. Cet immense gâchis hypothèque l'avenir des nouvelles générations. Il y a de quoi avoir peur car la fin de la rente signifie le début du désordre.