Dans la commune de Bordj Omar Driss, sise à 700 km au nord d'Illizi, les manifestants ont fermé, depuis le 14 avril courant, le siège de la mairie à l'aide de briques et semblent déterminés à aller jusqu'au bout de leurs revendications, en premier lieu la dissolution de… l'Assemblée populaire communale. Sous un ciel bleu et un soleil frappant, des jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, se sont rassemblés sur l'esplanade du centre-ville devant la mairie où même un DJ était de la partie, offrant un rituel festif pour une détermination de force. Les jeunes manifestants donnent libre cours à leur humour et à leur joie. «On ne lâche rien, nous sommes déterminés jusqu'à ce qu'ils partent tous», dit Zid Bayaoui, un des manifestants, en souriant. Pour lui, les jeunes veulent sortir de ce paradoxe de vivre dans une commune riche en ressources économiques, mais pauvre en développement. Pour l'heure, la contestation reste remarquablement pacifique (silmya), des cortèges de marcheurs, drapés de l'emblème national, sillonnent quotidiennement les principales artères de la ville dans une ambiance festive. Vêtu du bazan traditionnel et un chèche bleu, Boubaker Inarab, un des marcheurs, dira : «Nous sommes mobilisés pour l'intérêt général de notre commune. Je n'ai pas de mots forts pour exprimer le désespoir de la jeunesse, nous voulons vivre dignement, nos droits sociaux sont bafoués et la précarité est devenue la condition dominante.» Dialogue de sourds La parole au dialogue lancé par le maire, mardi dernier, est devenue inaudible. «Nos portes sont ouvertes aux manifestants ainsi qu'aux notables pour trouver une solution», dit le maire. Les manifestants, eux, ont boycotté la réunion. Pis encore, ils ont fermé le siège du Trésor communal. «Cet acte pénalise les pères de famille et les salariés de la mairie, de l'établissement public de santé de proximité ainsi que ceux du centre de formation professionnelle», estime un de nos interlocuteurs. Mercredi soir, le wali d'Illizi s'est exprimé sur la situation de cette commune, en marge des travaux du conseil de la wilaya. «La situation à Bordj Omar Driss est très compliqué et les affaires courantes sont gérées d'une manière anarchique», avoue-t-il, avant d'ajouter : «Nous suivons de près tous les dossiers et les élus locaux doivent assumer leurs responsabilités», dit-il, d'un ton menaçant. Une chose est sûre, les demi-mesures semblent loin de désamorcer la colère de la rue.