La réunion du conseil exécutif communal de Annaba prévue pour aujourd'hui risque de sortir du cadre de l'ordre du jour élaboré apparemment pour la circonstance. Elle intervient juste après l'échec, mercredi dernier, de la 3e tentative de réunir une majorité pour décider du retrait de confiance au président FLN. Elle est également annonciatrice de la décomposition de ce conseil constitué d'élus des partis El Islah et FLN avec une majorité très relative pour ce dernier. Ce sont les propres militants élus de son parti qui ont tiré les premières salves sur Nourreddine Kouadria (FLN) le président du Conseil. Il est accusé de tous les maux. Ce mercredi, ses détracteurs ont voulu démontrer qu'ils pouvaient le dégommer et s'apprêtaient à le faire. Quelques jours auparavant, ils avaient réussi à avoir l'accord de principe de la majorité de leurs pairs du conseil. Ce mercredi, ils furent surpris par le revirement de bon nombre d'élus du parti El Islah qui pourtant avaient juré de signer le retrait de confiance. Ils n'étaient pas à leur premier retournement. D'aucuns se sont étonnés de cette démarche politicienne de dernière minute. Selon un des vice-présidents du conseil, les élus El Islah avaient préalablement marchandé leur revirement avec le maire au plan politique et social. Les couleurs de la rébellion des autres membres élus FLN avaient apparu quelques mois après l'installation du président du conseil exécutif. Elles s'étaient assombries par la suite au point de contraindre, durant le Ramadhan 2004, le wali à jouer au pompier dans le grand salon de réception de l'APC.Implicitement, le wali avait menacé de recourir à l'application de la loi en cas de blocage de l'institution communale. Il n'avait pas pu empêcher plus du tiers des membres du conseil exécutif communal d'exprimer publiquement leurs griefs vis-à-vis du président. L'énervement des élus, dont le wali, avait déploré les expressions caustiques, et mis sur le compte de la tendance du maire à prendre seul des décisions qui relèvent de tout le conseil. Cette situation s'est négativement répercutée sur la prise en charge du quotidien des 350 000 habitants que compte la commune chef-lieu de wilaya. Le laxisme du chef de daïra a rajouté un plus au dilettantisme dans la gestion de la ville envahie par les saletés, le mauvais état des routes, les eaux stagnantes et surtout, avec la période des chaleurs qui arrive, les risques de maladies à transmission hydrique. « En l'absence d'un véritable décideur pour le compte de la République, entre ce chef de daïra et le président de l'APC, les couteaux sont depuis longtemps tirés. Le premier se prend pour l'intérimaire du wali au lieu et place du secrétaire général détenteur du poste par intérim. Piétinant les plates -bandes des responsables élus, il se permet de passer outre les orientations du cabinet du wali par intérim », a affirmé notre interlocuteur. Inefficace sur le terrain, ce commis de l'Etat donne l'impression d'être hautement compétent dans la réunionite, la gestion des coulisses et la manipulation. La raideur volontairement provocante du second, ses tentatives de marginaliser toutes les bonnes volontés, la déliquescence dans la gestion de la commune, sa tendance au pilotage individuel, ont amené au pourrissement de la situation. D'où la question que l'on se pose du haut cadre de la wilaya au commun des citoyens quant à l'urgence d'un pompier pour éteindre l'incendie, dont les flammes rongent pratiquement toutes les institutions locales. Longtemps éloigné de sa responsabilité à la suite d'un terrible accident, le wali est toujours en convalescence et n'est pas prêt de reprendre son poste. Sa longue absence risque de faire de Annaba, une ville invivable dans les prochaines semaines, voire les prochains jours. Dans les quartiers et cités, on craint que la révolte des élus de l'APC ne gagne d'autres structures, administrations de l'Etat et la place publique. A Annaba, au moment où les élus FLN se tirent dans les pattes à qui mieux mieux sous les yeux étrangement indifférents des autorités locales, s'accumulent les records sinistres de la désocialisation : chômage, drogue, prostitution, violence à l'école. Dans une commune chef-lieu de la 4e wilaya d'Algérie, capitale de l'acier, de l'agroalimentaire, des engrais phosphatés et du tourisme, l'on est arrivé à cumuler de manière exacerbée les handicaps sociaux de ce début de siècle. Mais au-delà de la rébellion des élus FLN qui, en tentant pour la troisième fois un retrait de confiance au président de l'APC, manifestent leur mécontentement, l'opinion publique locale réclame des mesures d'urgence. Celle-ci, a-t-on estimé, pourrait la sauver d'un délabrement plus accentué. En attendant, la contestation s'amplifie de plus en plus. Celle à l'encontre des décisions de la commune qui dure depuis des mois et portant sur les droits de location des locaux commerciaux patrimoine de la commune en est une. Elle est provoquée par les gérants des cafétérias du Cours de la Révolution et de la place Isaâc. Leurs locaux commerciaux fermés depuis le Ramadhan 2004, ces gérants ne cessent depuis d'appeler vainement à une réunion avec les élus beaucoup plus préoccupés à distiller sur la place publique, rumeurs, mensonges et faux semblants.