Dans le monde réel, le militant chaoui affronte le problème de la communication et de la liberté d'expression. Il s'est trouvé un refuge sur le Net pour continuer son combat car il est conscient et convaincu que le militantisme en faveur de tamazight (langue et culture) ne peut avoir d'effet que par la production et la pratique. Internet s'est révélé pour cela un véhicule fascinant et puissant pour s'exprimer, diffuser, échanger et informer. Tout ce qui circulait autrefois discrètement de bouche à oreille pour véhiculer les idées amazighes, se fait librement à travers le Net. Les Aurésiens de Batna sont devenus de véritables accros à la toile qu'ils utilisent comme tribune pour s'exprimer. Ils investissent massivement les sites de partage vidéo : Dailymotion et Youtube, ou encore les réseaux sociaux comme Facebook et autres. Il suffit de taper le mot « chaoui » sur un moteur de recherche pour voir s'ouvrir des dizaines d'adresses entre sites web, blogs, etc. Des sites en français et quelques-uns en tamazight, avec des références et des topics liés à la culture, notamment la chanson et les chanteurs, la poésie, la cuisine, l'histoire… Les forums où s'affrontent les idées les plus hardies à travers des débats libres consacrés à tout ce qui touche à la question berbère ne se comptent pas. Parmi les plus visités on peut citer Chawinet.org, Zalatoo, Auresiana, Ichawiyenautrement, aureschaouia, MCA, CRA, Akham Awragh, Icht s'wicht, IshawiyenEdition, ou encore Awal nu Shawi. Le militantisme virtuel se conjugue aussi au féminin. Voici un cas vivant : une chaouia interroge le moteur de recherche Google sur l'existence du chanteur chaoui Amirouche, le résultat est nul. Elle prend alors l'initiative en créant un espace où elle publie des vidéos de l'artiste en question, et du coup, le problème était résolu. Pas uniquement pour les requêtes concernant Amirouche. Pour elle, le web était entré dans sa vie et elle va créer d'autres espaces qui vont abriter toutes les richesses culturelles berbères de sa région. L'engouement porté à la toile a atteint son pic après les éventements de T'kout en 2004. La création de blogs et de sites sur le Net est l'une des expériences humaines les plus enrichissantes. Elle a permis les échanges avec d'autres militants du monde amazigh. Le Net est, et demeurera, une source précieuse qui permet de garder contact avec ce dernier.