«L'APC ne peut pas faire face toute seule à cette situation !» nous a répondu récemment le président de l'APC de Souk El Tenine, Omar Amari, questionné au sujet de la saison estivale. À voir les tonnes de déchets de toute nature qui jonchent actuellement les plages de Souk El Tenine, une station balnéaire de l'est de Béjaïa, l'on se croirait dans une décharge à la lisière d'une forêt et non en bord de mer. En fait, sur plus d'un kilomètre et demi, de l'embouchure de l'oued Agrioune au CRF (centre de repos familial) de l'armée, des arbres entiers déracinés, des branches, des bouteilles en verre ou en plastique, des canettes et autres détritus s'amoncellent ça et là sur la rive et recouvrent, par endroits, entièrement le sable de la plage. Dur d'imaginer que cet endroit pourra accueillir des estivants durant la prochaine saison estivale qui arrive à grandes enjambées. «En visitant dernièrement le bord de mer, j'ai été choqué et sidéré par autant de déchets refoulés par la houle cette année !» avait encore déclaré notre interlocuteur. D'après les citoyens de Souk El Tenine, les crues répétées de l'oued Agrioune charrient énormément d'objets de toute nature pour les déverser dans la mer et cette dernière, durant les périodes d'agitations, les refoulent pour les entasser sur la plage. «Souk El Tenine, Melbou et Aokas sont devenues la décharge d'autres communes situées en amont de l'oued Agrioune» se répandent en invectives certains d'entre eux. Les communes de Tamridjt, Darguina, Taskriout, Aït-Smaïl et Kherrata sont pointées du doigt. En fait, ces communes longées par la rivière Agrioune ou ses affluents, faute de moyens logistiques et de centre d'enfouissement technique, ont, depuis plusieurs années, improvisé des décharges sauvages à même le lit de l'oued. Certaines d'entre elles procèdent à leur enfouissement alors que d'autres s'en débarrassent en les déversant directement sans se soucier de leur destination finale. D'ailleurs, même le barrage d'Ighil Emda, dans la commune de Kherrata, est truffé de déchets, lesquels, à chaque débordement de ce dernier, se retrouvent emportés par le fort courant ; ils empruntent les sinuosités de la rivière pour finalement débarquer en bord de mer. D'autres étendues et cours d'eau de la région sont aussi responsables de cette situation comme le barrage d'Ighzer Ouftis et la rivière de Boulzazene, qui sont des affluents de l'oued Agrioune. Des citoyens, pour se dispenser de l'effort de déplacer leurs déchets ménagers et autres agrégats, se débarrassent des contenus de leurs poubelles directement dans l'Oued en divers endroits sans se poser trop de questions. Pour débarrasser le rivage de Souk El Tenine de ces déchets et préparer la saison estivale, le maire lance un appel à la wilaya et aux différents ministères concernés pour s'impliquer et prêter main-forte, car l'APC est incapable d'y faire face toute seule avec des moyens très limités. Selon des pêcheurs, pour ne rien arranger, le fond marin le long de la côte est saturé de déchets ; au moindre mouvement de houle, ils viendront grossir les amas déjà existants. À la vue de ces tas de déchets, le président de l'APC s'est montré perplexe quant à la façon de remédier à la situation. : «Certains m'ont conseillé d'organiser des volontariats pour le nettoyage de ces plages, mais c'est une entreprise avec de gros moyens qu'il faudrait engager pour faire le boulot rapidement !» La problématique de la gestion des déchets dans la région ne cesse de se poser cruellement; elle nous interpelle et nous rappelle à chaque occasion qu'il est vital de s'en soucier sérieusement et ne plus se contenter de solutions éphémères.