Cela fait des années que la wilaya de Béjaïa se promet d'éradiquer les décharges incontrôlées et les dépotoirs sauvages d'ordures ménagères. Plusieurs walis s'étaient, depuis, succédé aux commandes et la situation ne cesse d'empirer. En 2000, la Direction de l'environnement et les collectivités locales avaient annoncé, en grande pompe, de grands projets dans ce sens. On avait, alors, parlé de l'implantation de deux centres d'enfouissement technique ; le premier à Béjaïa et le second à Akbou. Ces deux CET incluent, naturellement, les communes voisines de ces deux principales villes. Dans le même programme, on avait aussi projeté d'aménager des décharges intercommunales contrôlées au niveau de toutes les daïrate. Faute d'un travail de sensibilisation conséquent et de débat franc sur cette question sensible, les populations riveraines s'opposent partout à la mise en place de ses structures qui, parfois, étaient prévues non loin des zones à forte densité démographique. Craignant les nuisances multiples que de tels équipements pourraient engendrer (fumées, mauvaises odeurs, prolifération d'insectes, risque de pollution de la nappe phréatique), les citoyens opposent un niet catégorique. Le mauvais choix des terrains d'assiette et le peu d'empressement des autorités font que la quasi-totalité du programme est toujours gelée. Au cours de la même période, l'accent a été également mis sur la réactivation et la réalisation de plusieurs stations d'épuration d'eaux usées. Les industriels de la région (laiteries, huileries…) ont été sommés de s'en prémunir, faute de quoi ils seraient fortement imposés. Là aussi, les résultats, treize ans plus tard, sont mitigés. Les égouts versent encore leur eau, noirâtre et nauséabonde, à l'état brute dans les rivières ou la mer. Des ruisseaux répugnants amochent encore des plages de sables fins à Tichy, Aokas et ailleurs. Les communes de Kherrata, Taskriout, Aït Smaïl et Darguina déversent quotidiennement des tonnes d'immondices dans le lit de l'oued Agrioun. L'APC de Kherrata jette ses ordures dans les gorges de Chebet Lakhra, un site pittoresque chargé d'histoire. Ce haut lieu du tourisme est complètement souillé. Sa remise en l'état nécessite, désormais, beaucoup de travail et énormément d'argent. Les municipalités de haute montagne (Tamridjt, Addekar, Taourirt Ighil, Tizi n'Berbère, Boukhlifa…) se débarrassent de leurs déchets dans des forêts luxuriantes. Cela provoque naturellement des incendies durant la saison chaude et rapproche la faune sauvage des habitations (sangliers, chacals, chiens errants et chats sauvages…). A Aokas, les camions d'ordures vident, depuis plus de dix ans, leur puante cargaison sur la principale plage de la ville. La mairie de Sidi Aïch n'a pas fait mieux, puisqu'elle a profané un joli site à l'entrée Est de la ville. A Akbou, El Kseur, Tazmalt ou Seddouk, les décharges anarchiques prolifèrent aussi avec leurs lots de nocivités et de dégradations du milieu naturel. En somme, l'environnement semble être le dernier souci des autorités et des populations à Béjaïa. K. A.