La polémique autour de la constante hausse des prix du ciment ne cesse d'enfler. Pourtant, il y a quelque temps, des mesures ont été prises pour qu'il ne soit plus question de pénurie de ce matériau. Le gouvernement a pris l'initiative d'importer pour répondre aux besoins induits par les différents projets publics engagés ces dernières années. Un million de tonnes de ciment ont été déjà importées au cours du 4e trimestre de 2009. A cette époque-là, le ministre du Commerce avait annoncé l'importation de 3 autres millions de tonnes. Autre mesure à même d'avoir un impact sur la spéculation, la fixation des marges bénéficiaires et l'exigence de souscription à un cahier des charges. Cette dernière mesure n'a jamais été respectée, apprend-on. Au niveau des cimenteries, c'est la vente libre qui a été tout bonnement annulée. Désormais, il faut passer par les intermédiaires. Une mesure décriée car « influant négativement sur la disponibilité du ciment ». Pour certains initiés, dont un ancien responsable au niveau de la cimenterie de Sour El Ghozlane, « cette politique ne fait qu'accentuer la crise du ciment et arrange bien les affaires des spéculateurs ». Notre interlocuteur, qui pointe du doigt la méthode suivie pour la gestion du flux de la demande, ajoute que « la bureaucratie, érigée en règle au niveau des cimenteries, est à la source de cette illogique augmentation des prix ». Illogique, c'est le mot. Car à en croire les chiffres avancés ici et là, nous sommes loin de parler de pénurie proprement dite. Les capacités de production nationales sont, selon des sources bien informées, largement suffisantes pour couvrir les besoins locaux. Au niveau de l'ACC (Algerian Cement Company SPA), une augmentation de production a été annoncée pour atteindre, en 2009, 6,5 millions de tonnes, soit une hausse d'un million de tonnes par rapport à 2005. Certes, il faut noter que, selon des responsables de cette compagnie, « la crise était prévisible pour cette année dès lors que nos prévisions de l'année dernière présageaient un déficit d'au moins un million de tonnes ». Avec une production nationale avoisinant les 18 millions de tonnes de ciment, dont 11,5 millions de tonnes sont produits par les cimenteries publiques et 6,5 par les privées, l'on craint encore pour l'avenir qui, pour la plupart de ceux que nous avons consultés, « demeure incertain de par la demande croissante sur ce matériau de base ». De nouvelles mesures à même de réguler au mieux ce circuit sont souhaitées, puisque toutes les mesures déjà prises semblent peiner à mettre un terme au cafouillage qui règne sur le marché.