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Wilaya de Bouira : Ahnif, une commune dans le dénuement
Publié dans El Watan le 24 - 04 - 2010

La situation sécuritaire qui a prévalu dans la localité a précipité sa précarisation, mais la raison la plus frappante est celle relative à l'absence totale d'infrastructures publiques et des commodités les plus élémentaires .
La commune d'Ahnif, 35 km à l'est de Bouira, demeure celle qui n'a pas beaucoup de perspectives en matière de développement. Et ce, en dépit des énormes richesses qu'elle recèle. En effet, abstraction faite des richesses minières, le volet agricole est celui qui, théoriquement, promet d'énormes débouchés aux populations locales. En effet, cette localité foncièrement rurale, offre toutes les opportunités d'investissement dans les différents circuits économiques. Avec un vaste territoire constitué de terres fertiles, de massifs forestiers et de champs d'oliviers à perte de vue, cette municipalité se voit, tout bonnement, abandonnée par les siens. La situation sécuritaire qui y a prévalu au cours de la dernière décennie a certes précipité cet abandon, mais la raison la plus frappante est celle relative à l'absence totale d'infrastructures publiques, mais surtout des commodités les plus élémentaires, à savoir les routes, l'électricité, l'eau, le gaz…etc. Les populations sédentaires, notamment celles peuplant les quelques villages de Tamellaht, à l'instar d'Ighil n'Ath Ameur, Tamezyavt, Ighil n'Ath Rayou ou encore Taddart n'Tmellaht, souffrent le martyre en subissant la misère indescriptible qu'impose l'enclavement.
Les citoyens semblent ne plus comprendre que leur localité soit délaissée, au moment où elle offre plusieurs possibilités d'investissement. Le territoire de cette commune est considéré parmi les plus vastes au niveau de toute la daïra de M'Chedallah dont elle dépend. Toutefois, l'insouciance et le laisser-aller des responsables font qu'il soit laissé carrément en friche. C'est là donc, un véritable no man's land, où il ne subsiste que quelques bergers, qui, contre vents et marées, s'accrochent à leurs terres. Les quelques villages habités sont tellement éloignés entre eux qu'il semble qu'aucune communication ne s'établit entre les citoyens de cette contrée abandonnée. D'ailleurs, hormis les faubourgs de Tamellaht, Ighrem et le chef-lieu de la commune où il y a un semblant d'activité et une densité de population, le reste du territoire est totalement désert. Une des raisons ayant, d'autre part, contribué à faire de ce territoire, une zone de repli pour les groupuscules terroristes qui continuent à y élire domicile. Une visite à travers le territoire de cette commune renseigne amplement sur l'état de déliquescence dans laquelle se trouve embourbée cette population qui ne sait plus à quel saint se vouer. Du côté de Tamellaht, c'est la misère qui nous accueille. Partout dans les faubourgs, que ce soit à Ighil N'Ath Ameur (la plus importante bourgade), Tiqesray ou à Ighil N'Ath Rayou, les conditions sont lamentables. Âmmi Moh, quinquagénaire, nous dira que « nous sommes les éternels oubliés. Durant l'époque coloniale, le gros du territoire de notre commune était érigé en zone interdite, et présentement, nous avons l'impression de vivre dans les mêmes conditions ». Les jeunes de leur côté ne cachent pas leur révolte. Ils utilisent des mots très durs en désignant les responsables locaux dont ils disent qu'ils « ont failli à leurs missions. C'est pour cela que nous avons toujours fait recours aux actions de rue pour faire entendre notre voix ».
Ces jeunes ne demandent rien d'autre que l'emploi. Cela revient sur toutes les langues. En effet, le chômage demeure le maître mot au niveau de cette commune. Les jeunes villageois ont à maintes reprises, fermé la RN5 en guise de protestation, mais rien n'est encore venu pour les soulager. « Le mal est profond ! », nous dira Djamel, trentenaire, victime du terrorisme et à la recherche d'un emploi. Ainsi, les ramifications de la misère ne se limitent pas à Tamellaht, puisque la situation ailleurs n'est pas du tout reluisante. A Ighrem, c'est plutôt la mort dans l'âme. Aucune infrastructure d'envergure et encore moins de commodités pouvant offrir aux jeunes l'occasion d'investir. Pourtant, ce village est situé sur la RN5. Par ici, on continue à subsister par la vente de l'huile d'olive sur le bas-côté de la route. C'est là une activité ancestrale à Ighrem. Autrement, c'est tous les maux qui s'accumulent, rongeant les pauvres villageois qui y vivent. Sans infrastructures sportives et de loisirs, les jeunes d'Ighrem se trouvent, tout simplement, livrés à eux-mêmes. Même situation au chef-lieu de la commune qui continue à porter le nom de La Gare, en référence à la gare ferroviaire qui s'y trouve depuis l'époque coloniale. La misère est ici saisissante et les jeunes sont les plus touchés. Pour Omar, un jeune universitaire, « depuis la nuit des temps, Ahnif n'offre rien à ses enfants et c'est pour cela que l'exil est la finalité de tous par ici ».


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