Le modeste papier qui accompagne ce titre n'est pas motivé par la partition iconoclaste d'Alger, mise en scène par Mohamed Zinet dans les années 70 du siècle dernier, ni par l'ode du barde Himoud Brahim dit Momo, sinon une dose d'inspiration que m'a livrée une bâtisse, l'espace d'une virée dans l'ancienne médina. L'œuvre qui m'a apostrophé n'est guère celle d'un architecte restaurateur ni d'un plasticien, avec son chevalet en quête d'une scène à immortaliser dans le dédale de la ville de Sidi Abderrahmane. Tout simplement, celle d'un citoyen auquel mon humble plume refuse de tourner le dos. Il s'agit de Didou, ce pensionnaire qui élit ses quartiers dans l'immeuble 23, sis rue Abderrahmane Arbadji, connue pour sa forte communauté juive qui, jadis, la peuplait. Cette bâtisse coloniale, sise dans l'ancienne médina, comme les figures semblables qui longent cette ex-rue Marengo, est hors-pair de par son signe distinctif. Non que le bien immeuble soit distinct de par son architecture et ses éléments architectoniques qui caractérisent l'ère de l'époque coloniale, sinon par l'âme nouvelle que Didou a décidé de lui imprimer. L'idée est aussi simple que géniale de cet octogénaire qui fait titiller sa fibre artistique dans un style non conventionnel. Il tient à marquer de son empreinte son passage dans cet immeuble de quatre niveaux vers lequel des touristes observent une halte aussi bien dans le hall d'entrée que dans la cage d'escaliers où les murs sont revêtus de tesselles conférant une décoration plastique avec les moyens du bord : des fragments de pierre, associés aux pièces de verre ou encore de céramique, offrent cet ensemble « mosaïcal » qui garnit joliment l'espace. Une galerie d'art enchanteresse - rococo - qui apporte de la lumière et de la couleur. Une joyeuse composition qui met, un tant soit peu, du baume au cœur comme dans les douérate arabo-mauresques. Ah ! si les entrées d'immeubles de nos cités étaient moins rebutantes et moins lugubres. Ah ! si elles nous invitaient à défiler du regard, avant de regagner nos pénates, de petits tableaux et fresques, a fortiori lorsque les espaces verts viennent à manquer. Mais cela est une autre histoire en ce timide Mois du patrimoine. Un mois du patrimoine où il serait inconvenant de ne pas faire montre de sa gratitude envers ce vieil homme en lui disant : « Bravo Didou ! »