Anniversaire n C'était un 31 mai de l'année 1997, et à l'âge de 79 ans, que Momo, de son vrai nom Himoud Brahimi, nous a quittés dans le silence et l'indifférence. Momo est parti à pas feutrés, pratiquement dans l'anonymat, et sans que personne s'en soucie. Dix ans plus tard, Alger, son amante, son amie, sa confidente, s'en souvient. Elle s'en est souvenue, jeudi, à l'occasion de l'anniversaire de sa disparition. Deux hommages y ont été rendus : l'un à la Cinémathèque algérienne, l'autre à la Bibliothèque nationale. «Nous avons tenu, pour marquer la date, à rendre hommage à Momo ne serait-ce par une modeste commémoration, et ce, à travers la projection de deux films dont Tahya Ya didou de Mohamed Zinet», a déclaré un responsable à la cinémathèque, avant d'ajouter que «Momo était un enfant de la cinémathèque et que c'est un devoir pour la cinémathèque de s'en souvenir». Il convient de souligner que, chaque année, la cinémathèque se souvient de Momo, l'enfant de la Casbah, l'enfant du vieil Alger, en lui rendant un hommage à travers des projections ou des conférences-témoignages. Interrogée sur ce personnage si singulier, Fouzia Laradi, poétesse, a regretté les conditions de sa disparition. «Il aurait été préférable, a-t-elle dit, qu'on lui accorde plus de considération et de reconnaissance de son vivant, mais il n'est jamais trop tard pour bien faire. Se souvenir aujourd'hui de Momo, c'est, je crois, une manière de se racheter et surtout d'entretenir sa mémoire et de la partager avec les jeunes générations.» Et de qualifier Momo de géant, d'une grande figure culturelle de la ville d'Alger. «C'est un homme que je n'ai pas connu ou approché, mais j'ai eu à maintes reprises l'occasion de l'entendre et d'assister à ses récitals. C'était un créateur, un inspiré, qui possédait une grande verve poétique. C'est un grand poète. C'était aussi quelqu'un de sincère, de profond. C'était également quelqu'un d'une grande sagesse, sagesse que l'on ressentait – et on la ressent – dans sa façon de parler et même dans ses poèmes.» Pour sa part, Djamel Bensaber, homme de théâtre, a, lui aussi, regretté que Momo n'ait pas été reconnu, de son vivant, à sa juste valeur. «C'est toujours après leur mort qu'on se souvient de nos artistes et qu'on leur rend hommage», a-t-il déploré. Et d'ajouter : «J'ai connu Momo, on a eu plusieurs fois l'occasion de se rencontrer et de parler, mais ce que je peux dire, c'est que je n'ai jamais, et cela, de nos jours encore, rencontré un homme d'une aussi grande sagesse. C'était quelqu'un qui parlait en usant d'allégories et de dictons. Il avait un vocabulaire riche et soutenu. Il était en fait une bibliothèque. Il connaissait l'histoire de la ville d'Alger, ville qu'il ne cessait de déclamer dans ses poèmes ; c'était un homme - ce qui m'a beaucoup étonné - qui nourrissait une grande sensibilité pour la ville d'Alger. Tous ses poèmes sont un hymne à Alger. Il était donc d'une grande richesse. Ce que j'aimais aussi chez cet homme, c'est qu'il était généreux et à l'écoute de tout le monde. Enfin, ce que je peux dire également, c'est que Momo était un poète, une littérature, un patrimoine, une histoire.»