La commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP) a étalé les limites de sa maîtrise des règlements du football à travers la décision qu'elle a rendue dans l'affaire (toujours ouverte) de la rencontre ASO-WAT. Son manque de maîtrise, pour ne pas dire méconnaissance, dans l'application des règlements lui ôte tout crédit dans la résolution des litiges. Le traitement qu'elle a réservé à l'affaire ASO-WAT en est la parfaite illustration. Comment un organe juridictionnel indépendant, présidé par un juriste, comme le stipulent les statuts de la FAF et de la FIFA, peut-il mentionner dans les attendus de l'affaire en question : «La commission a constaté un envahissement de terrain à la 93e minute de jeu par les supporters de l'équipe locale ASO pour fêter leur joie, entraînant un arrêt momentané de la rencontre» et homologuer le résultat de la rencontre qui n'est pas allée à son terme ? Il faut être un néophyte en maîtrise de règlement pour ne pas donner le vrai sens au contenu du passage «un envahissement de terrain… entraînant un arrêt momentané de la rencontre», c'est-à-dire partie arrêtée. Le terme momentané signifie «qui ne dure qu'un petit espace de temps». La commission de discipline reconnaît que la partie a été arrêtée et confond l'arbitre Aouina, qui a mentionné sur la feuille de match (transcription horaire du coup d'envoi, mi-temps, reprise et fin de partie) que le match a eu sa durée réglementaire. Il y a une grande contradiction entre ce que l'arbitre a écrit sur la feuille de match, ou au passage il n'a pas signalé l'envahissement de terrain, et l'aveu sous forme de reconnaissance de la commission de «l'arrêt momentané» de la partie… qui n'a jamais repris. Autre grave erreur commise par la même commission. C'est l'homologation du résultat du match, en violation de l'article 79 du règlement de championnat professionnel, qui traite du sujet des résultats de matchs qui précise : «La LFP est tenue de procéder à l'homologation des résultats techniques de chaque match officiel au plus tard dans les trois jours qui suivent la date de la rencontre, sauf en cas de réserves. Dans ce cas, l'homologation est prononcée immédiatement après la décision de la commission de discipline ou épuisement du recours s'il y a lieu. Toute rencontre homologuée ne saurait faire l'objet de contestation ni d'aucune autre réclamation.» La commission n'est-elle pas tenue, comme le stipule l'article indiqué, de respecter le droit d'un club d'introduire un appel, d'épuiser toutes les voies de recours jusqu'à ce qu'une décision finale et définitive soit rendue. Cette procédure n'a pas été respectée de la part d'un organe juridictionnel censé maîtriser parfaitement la réglementation. Ce n'est pas de son ressort d'homologuer un résultat technique qui relève de la Direction de l'organisation sportive (DOS) de la LFP après épuisement de tous les recours possibles. Sans préjuger des suites que la commission de recours fédérale donnera à la réclamation du WA Tlemcen, il y a fort à parier que le verdict sera maintenu, au mépris des règlements. Le salut du WAT passera par le Tribunal sportif algérien… ou international.