Les leaders de la contestation au Soudan ont accusé, hier, les généraux de chercher à retarder la transition du pouvoir vers le civil, et menacé de lancer un mouvement national de «désobéissance». «Les formes de l'escalade sont (déjà) définies : poursuivre les sit-in et préparer un mouvement de désobéissance civile», a déclaré, à la presse, l'un de ces leaders, Khaled Omar Youssef. Il a jugé «décevantes» les réponses des généraux aux propositions de son groupe et estimé qu'elles risquaient de plonger le pays dans une «situation dangereuse». Le Conseil militaire de transition a pris le pouvoir après la destitution et l'arrestation, le 11 avril, par l'armée du président Omar El Béchir sous la pression de la rue. Les chefs de la contestation tirent eux leurs forces des milliers de manifestants qui campent depuis le 6 avril devant le QG de l'armée à Khartoum, et réclament désormais un transfert du pouvoir à une autorité civile. Hier, ces leaders, dont des laïcs venant notamment du Parti communiste, ont dans un premier temps publié un communiqué comportant leur réponse aux réserves du Conseil militaire à leur vision de la période de transition. «La réponse du Conseil militaire va dans le sens d'une prolongation des négociations et non vers une transition» rapide, a souligné l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), qui représente les manifestants. La veille, les généraux ont déclaré qu'ils étaient d'accord avec la plupart des propositions de l'ALC sur la transition, mais précisé qu'ils avaient «beaucoup de réserves» sur d'autres. Ils ont soulevé notamment la question de la charia, en estimant qu'elle devait rester la source de la législation, en reprochant à l'ALC de ne pas l'avoir mentionnée dans leurs propositions. Dans sa réaction, l'ALC a estimé que les généraux avaient soulevé «des questions non pertinentes, y compris celles de la langue officielle du pays et des sources de la législation dans une répétition ennuyeuse des surenchères de l'ancien régime». «Nous appelons le Conseil militaire à conclure un accord pour transférer le pouvoir aux forces révolutionnaires», ont ajouté les dirigeants de la contestation. Autre point de désaccord : les civils veulent une période de transition de quatre ans, alors que les militaires considèrent qu'elle peut être de deux ans seulement, selon le général Kabbachi. Mardi, l'un des chefs de l'ALC, Mohamed Naji Al Assam, a réitéré l'opposition de l'alliance à toute participation des figures de l'ancien régime à la période de transition. «Le succès de la révolution repose sur le transfert du pouvoir à une autorité civile à part entière», a-t-il dit.