La foule en liesse ne veut pas céder du terrain Les organisateurs des manifestations ont présenté une liste de demandes au nouveau Conseil militaire de transition, à la tête du pays depuis la destitution de M. Béchir. Ils réclament le transfert immédiat du pouvoir à un gouvernement civil et le jugement d'El Béchir et des dirigeants du régime. Les organisateurs des manifestations au Soudan ont appelé hier les protestataires à rester mobilisés devant le siège de l'armée à Khartoum, dénonçant une tentative de «disperser le sit-in» qui rassemble des milliers de personnes depuis dix jours. L'Association des professionnels soudanais (SPA) n'a pas précisé l'identité des personnes essayant de disperser la foule, mais des témoins ont indiqué que plusieurs véhicules de l'armée avaient encerclé le lieu où se tient le sit-in. «Il y a une tentative de disperser le sit-in dans le secteur du QG de l'armée, ils essayent de retirer les barricades» installées par les manifestants sur les routes menant au sit-in, a déclaré la SPA dans un communiqué. «Nous appelons notre peuple à venir immédiatement dans le secteur du sit-in pour protéger notre révolution», a ajouté cette association qui regroupe notamment des médecins, enseignants et ingénieurs. Des témoins ont affirmé avoir vu des troupes retirer des barricades installées par mesure de sécurité. «Les manifestants scandent +l'armée est notre armée+», a indiqué un témoin sur place. Selon des témoins, l'armée a déployé une banderole sur l'un des murs de son QG, sur laquelle est écrit: «Nos frères et soeurs, n'approchez pas. Vous avez été nos invités sous notre protection. Mais à présent, la loi d'urgence nous gouverne tous.» Avant sa destitution, le président Omal el-Béchir avait instauré l'état d'urgence le 22 février, interdisant les rassemblements non autorisés. Les professionnels soudanais ont interprété cette tentative de disperser la foule comme une «indication que le Conseil militaire ne respectera pas son engagement auprès du peuple» dans un communiqué sur leur page Facebook. Les organisateurs des manifestations ont présenté une liste de demandes au nouveau Conseil militaire de transition. Ils réclament de transférer immédiatement le pouvoir à un gouvernement civil de transition et de faire juger M. Béchir et les dirigeants du régime. Les représentants de la contestation populaire au Soudan ont présenté au Conseil militaire de transition une série de demandes, dont le transfert du pouvoir à un gouvernement civil et la dissolution du parti du président déchu Omar el-Béchir. Leurs revendications les plus importantes sont: - Le transfert immédiat du pouvoir par le Conseil militaire à un gouvernement de transition civil qui devra diriger le pays pendant une période de quatre ans, à l'issue de laquelle des élections devront être organisées. - La dissolution du Parti du congrès national (NCP) de M. Béchir, qui devra être jugé tous comme les plus hauts dirigeants du NCP et la confiscation des propriétés du NCP. - Le rétablissement de la Constitution de 2005 suspendue par le Conseil militaire après la destitution de M. Béchir. - La libération de tous les civils détenus en relation avec le mouvement de contestation ainsi que des officiers et policiers arrêtés pour avoir refusé de tirer sur les manifestants. - La fin de l'état d'urgence imposé le 22 février par M. Béchir. Fer de lance de la contestation, l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC) a présenté ses demandes au Conseil militaire, mais affirme qu'aucune négociation n'a commencé jusqu'à présent. L'ALC comprend l'Alliance des professionnels soudanais, un groupe d'enseignants, d'ingénieurs et de médecins ayant organisé les protestations, ainsi que des partis d'opposition. L'Alliance des professionnels soudanais a appelé les manifestants à poursuivre le sit-in «jusqu'à ce que les demandes de la révolution soient satisfaites». Le chef du Conseil militaire, le général Abdel Fattah al-Burhane, a promis «d'éliminer les racines» du régime de M. Béchir, destitué jeudi dernier après 30 ans au pouvoir. Le Conseil a affirmé que M. Béchir était «en détention», sans fournir plus de détails. Il a également assuré que le président déchu, visé par des mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), ne sera pas extradé pour répondre devant ce tribunal international d'accusations de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité dans la région du Darfour (ouest).