Orascom Telecom Holding (OTH) est en négociations avec l'entreprise sud-africaine MTN, afin de convenir du rachat de plusieurs de ses filiales, dont l'algérienne Djezzy. OTH, et à la suite de la suspension, lundi, de la cotation boursière de ses actions sur la place du Caire, motivée par ces perspectives de rachat, avait assuré qu'une déclaration « cruciale » allait être « révélée au courant de la journée de mardi ». Pourtant, rien n'avait encore filtré hier dans la soirée, quant à l'aboutissement de ses tractations et aux modalités de la transaction. Des rumeurs de vente Cependant, selon des observateurs, il sera convenu qu'Orascom Telecom Holding céderait la majorité des actions de sa filiale africaine, qui regroupe ses propriétés en Algérie, en Tunisie, en Egypte et au Zimbabwe, au groupe MTN, mais en gardant tout de même entre 10 et 15% des parts. « Tout en préservant les employés et le plus gros du management, la transaction pourrait être bouclée en six mois », précise-t-on. Des rumeurs quant à cette vente avaient débuté lorsqu'une équipe de MTN avait effectué, il y a quelques semaines, une visite « de prospection » au sein d'OTA. Il semblerait d'ailleurs que le rapprochement entre les deux parties ait eu lieu au Mobile World Congress de Barcelone, qui s'est tenu au mois de février dernier. « Quelques semaines plus tard, un haut responsable de la société sud-africaine a été reçu à Alger par la présidence de la République », affirme une source proche du dossier. « De même, une délégation de MTN a eu des discussions, à Alger, avec le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui aurait donné son aval », ajoute une autre source. Sawiris, président du conseil d'administration de la maison mère égyptienne, maintient que la vente de Djezzy, qui assure au groupe près de 60% de ses bénéfices, ne s'effectuera « qu'à contrecœur ». « Il est acculé à vendre maintenant que les actions sont cotées en Bourse à son avantage », explique un expert. Car si il y a quelques mois encore OTA valait près de 10 milliards de dollars, elle ne vaut aujourd'hui que 5 à 7 milliards de dollars. Cette dépréciation est due aux « événements de novembre ». Tout d'abord, les manifestations anti-égyptiennes qui ont découlé des qualifications à la Coupe du monde de football 2010, et qui auront coûté à OTA des pertes s'élevant à 60 millions de dollars. Ce qui a été suivi par le redressement fiscal de près de 600 millions de dollars que l'entreprise s'est vu infliger dans le même temps et qui a porté un coup à son image à l'internationale. Même si celle-ci a usé de nombreux recours, elle a récemment déclaré s'être entièrement acquittée de ses dettes envers le fisc algérien. « D'où la célérité avec laquelle Sawiris veut vendre Djezzy, avant qu'elle ne perde davantage de sa valeur sur les places boursières », analyse un expert. Une source proche du dossier affirme d'ailleurs que « l'on tente d'asphyxier l'entreprise, peut-être dans le but que des opérateurs nationaux puissent racheter des actions à un prix plus bas ». « L'on a suspendu à OTA la domiciliation bancaire, interdit les transferts de fonds, non de dividendes, mais de devises pour le rachat de matériel. En sus, ses marchandises sont bloquées par la douane aux frontières, et ses projets d'investissement systématiquement bloqués », avance-t-on au niveau de Djezzy. Et ce sans compter les nombreuses demandes d'audience formulées par les hauts responsables du holding et qui seraient restées sans réponse. De même, l'on affirme que Djezzy a reçu, au cours de la semaine dernière, la visite de l'inspection du travail, qui lui aurait signifié que certaines de ses activités, comme les centres d'appel nocturne, n'étaient pas conformes à la réglementation. Il y a quelques mois, Sawiris déclarait attendre des signaux qui lui prouveraient qu'il était indésirable sur le marché algérien. « Même si rien d'officiel n'a été déclaré, dans les faits, l'on est on ne peut plus clair », analyse un expert.