Le ministre des Finances, Karim Djoudi, et le ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, ont réaffirmé le droit de regard du gouvernement algérien quant à une quelconque cession d'Orascom Telecom Holding au profit du sud-africain MTN. Les deux ministères ont vivement réagi, hier, aux négociations engagées par le groupe égyptien Orascom Telecom Holding (OTH) et le sud-africain MTN, en vue du rachat de plusieurs de ses filiales africaines. Par le biais de l'agence officielle de presse (APS), les deux secteurs concernés par ce dossier confirment ainsi avoir été mis au courant de l'intérêt porté par MTN aux propriétés d'Orascom, tout en affirmant être en contact avec la société sud-africaine. Ainsi, le ministère de la Poste et des TIC, dans un communiqué rendu public hier, déclare qu'au cours des semaines passées, « les autorités compétentes ont notifié directement au groupe MTN » que toute transaction incluant Orascom Telecom Algérie (OTA), société de droit algérien, « doit se soumettre à la législation nationale ». Une dernière « mise au point » a d'ailleurs été notifiée « ce jour même (hier, ndlr) » à MTN, qui rappelle les lois relatives aux investissements étrangers ainsi que les textes régissant la licence de téléphonie mobile concédée à OTA. Le ministre des Finances, M. Djoudi, est quant à lui plus offensif en décrétant que si opération de cession il y a, « nous prendrons 51% du capital, nous exercerons notre droit de préemption et nous fiscaliserons de 20% les plus-values réalisées ». Ce dont il affirme avoir fait part aux sociétés concernées. Ainsi, le gouvernement s'oppose à toute transaction entre les deux opérateurs de téléphonie, qu'elle soit totale ou partielle. Et si OTH entend se désengager d'OTA, « il lui reviendra d'en discuter les termes, selon les règles universelles, avec l'Etat algérien qui a décidé d'exercer son droit de préemption sur la totalité du capital de cette entreprise », est-il expliqué dans le communiqué du ministère des P&TIC. Toute tentative de « contourner cette décision, comme effectuer cette vente en incluant OTA dans un groupe du holding, pourrait conduire « à la mise en œuvre de la procédure d'expropriation des actionnaires actuels de celle-ci, conformément aux dispositions légales pertinentes », d'avertir le ministère. Car comme l'explique Karim Djoudi, l'Etat peut pareillement faire valoir ce droit de préemption dans le cas d'une fusion ou d'une augmentation du capital de la société mère par une opération d'achat d'actions à l'international effectuée par une firme étrangère. Face à l'emballement médiatique et gouvernemental qui a suivi l'annonce d'un accord imminent quant à la vente d'OTA par le biais de son directeur de la communication, Hamid Grine, s'abstient de faire des commentaires, se référant seulement au communiqué publié hier par le holding. Dans le document, OTH confirme que Weather Investments Spa, principal actionnaire d'OTH et propriété du tycoon Naguib Sawiris, « est en discussions avec MTN qui pourront aboutir ou non à une quelconque transaction relative à l'acquisition du contrôle d'Orascom ou de ses activités ». L'on est bien loin de la déclaration « cruciale » qu'avait promis de révéler l'égyptien dans la journée de mardi. Toutefois, OTH indique qu'à sa demande, ses titres boursiers, suspendus lundi et mardi sur la place du Caire, avaient été rétablis. Signe que les négociations avec le sud-africain n'ont pas abouti de manière satisfaisante ou qu'elles prendront encore plus de temps ? D'ailleurs, à l'ouverture des échanges, ses actions, selon Reuters, ont bondi de 3,3% tandis que celles de MTN ont chuté de 3% à la Bourse de Johannesburg. « OTH ne s'extirpera pas aussi facilement de ce que Sawiris considère être une impasse et dont il est sûr qu'elle lui sera fatale », analyse un expert en télécommunications. « Il aura assurément fallu que quelque chose d'important arrive durant les tractations pour qu'un tel revirement arrive et que de tels signaux forts soient envoyés par le gouvernement », conclut-il. Wait and see…