Tourner la page ne veut pas dire la déchirer. » Juste une phrase, lancée hier par Mme Fatma Zohra Flici, présidente de l'Organisation nationale des victimes du terrorisme (ONVT) pour justifier son soutien à la politique de réconciliation nationale. « Nous avons soutenu et fait campagne pour cette politique dans le but d'aider à la restauration de la paix, tout en restant fidèles à la mémoire de nos martyrs », a-t-elle déclaré, lors de l'ouverture, à Alger, des travaux du colloque international consacré au thème « Les victimes du terrorisme et la réconciliation nationale », organisé par l'ONVT. Axée sur l'éducation à la culture de la paix, l'Islam et la paix, la lutte contre le terrorisme, la coopération internationale et la réconciliation nationale, cette rencontre a réuni de nombreuses personnalités étrangères et nationales, venues de divers horizons, mais toutes concernées par la problématique du terrorisme et de la stratégie du pardon comme solution au fléau. Le débat a permis de mettre en relief, l'importance de « la justice et de la démocratie, les deux piliers de la restauration d'un Etat de droit » dans toute politique de restauration de la paix. « Sans ces deux principes, les germes de la violence menaceront toujours la stabilité de la société. » Pour tous, le « déni de droit » est un facteur de « déstabilisation ». Frappante coïncidence, à quelques centaines de mètres de l'entrée de l'hôtel El Aurassi où se déroule la conférence, des dizaines de jeunes, entre réservistes et appelés du contingent, ayant participé à la lutte antiterroriste durant les années 1990, se sont rassemblés en face du ministère de la Défense, pour réclamer leur droit à une reconnaissance en tant que victimes. Au même moment, le ministre de la Solidarité, Djamel Ould Abbès, intervenant au nom du président de la République, déclarait : « L'Algérie a retrouvé sa stabilité et sa place au niveau international grâce à la réconciliation nationale », oubliant de rappeler au passage le sacrifice de centaines de milliers de citoyens, notamment parmi les forces de sécurité, des patriotes, des intellectuels et de petites gens de l'Algérie profonde. Le ministre a tout de même fait l'effort de rendre hommage aux femmes journalistes, médecins et enseignantes. En marge des travaux, il a affirmé que son département a dépensé plus de 19 milliards de dinars, sur une enveloppe totale de 26,3 milliards de dinars, pour la prise en charge des familles victimes de « la tragédie nationale » sans pour autant donner des détails, précisant juste que ces dépenses entrent dans le cadre de la mise en application de la politique de réconciliation nationale. Pour le directeur général adjoint de l'Unesco, Tidjani-Serpos Nouréini, cette politique « doit permettre de dépasser le repli sur soi et faire en sorte que la société soit mise dans une posture où les cultures de déchéance et de haine cèdent la place à une paix restaurée ». Le professeur Hamid Oussedik a, quant à lui, insisté sur le rôle de l'école dans l'éducation à la culture de la paix, mais en précisant que la réconciliation repose sur trois éléments fondamentaux, à savoir le développement, la démocratie et la paix. Abondant dans le même sens, le professeur Bensalah Kecem a plutôt abordé la question des mécanismes de prévention du terrorisme « pour substituer la culture de la paix à celle de la violence ». Abordant la question de l'Islam et la paix, Kamel Bouchama a insisté sur la nécessité « de faire la différence entre la religion et ses partisans, ou plus encore ses faux dévots et ses minables pratiquants.