La longue marche vers le changement ne connaît pas de répit à Boumerdès. Ni les effets du jeûne ni la chaleur torride de la journée d'hier n'ont entamé la détermination des citoyens de la région de poursuivre le combat. Le 12e vendredi de contestation n'a pas été si différent de ceux qui l'ont précédé. Des centaines de personnes, entre hommes et femmes, grands et petits, ont sillonné les principales artères de la ville, exigeant une véritable transition sans les symboles du régime. La marche a démarré après la prière de vendredi de la place Madaure avec des dizaines de personnes avant de grossir au fil de la route. «Les Boumerdassis veillent trop. Sinon on aurait vu plus de monde», estime Sofiane avant d'annoncer un débat citoyen ce soir au jardin de l'Indépendance. Arborant l'emblème national, Ahmed et sa femme ont tenu à participer à la marche pour dire à «Gaid Salah et consorts que la faim et la soif ce n'est rien devant les maux qu'ils nous font subir depuis 57 ans». «Tant qu'ils sont là, on ne va pas s'arrêter. Ce n'est pas les arrestations de ces derniers jours qui vont nous détourner de notre objectif qui est le départ de tout ceux qui ont servi ce système et détourné les biens du peuple», lance-t-il entre deux slogans répétés en chœur par une foule de jeunes marchant derrière lui. «Samidoun samidoun, li lhirak moussanidoun, li Djazair hamoun», (nous sommes des résistants, nous soutenons le hirak et nous protégeons l'Algérie), «Sanassir sanassir, fi Ramdhane ou l'Aid Sghir maranach habssin hata yahdouth el taghyir» (nous marcherons durant le Ramadhan et après l'Aid, on ne va pas s'arrêter jusqu'au changement du système», scandaient-ils. Comme attendu, même Gaid Salah a été pris à partie par les manifestants. Certains l'ont traité «de chef de gang» en dénonçant «ses discours contradictoires et son attachement à la Constitution, tricotée et votée par un Parlement croupio ». «El Djeich dialna, ou el Gaid khan na» (l'armée est la nôtre, Gaid nous a trahis), «Gaid Salah ya baba houa rais El 3issaba» «ô Gaid Salah, had el ch3ab machi djayeh» (ce peuple n'est pas idiot), ont-ils scandé.