Au centre de la guerre sans merci que se livrent les clans au pouvoir, le Syndicat national des magistrats (SNM) a décidé, enfin, de rompre le silence. Dans un communiqué rendu public, aujourd'hui samedi, à l'issue de la réunion de son bureau exécutif, tenue après le renouvellement total de ses structures, le SNM a reconnu -ce que tout le monde savait déjà- que la justice algérienne n'est pas indépendante. Le SNM, habituellement trop réservé, a affirmé qu'« il n'est pas possible de parler de justice indépendante jouissant de la protection, sous les lois et les structures actuelles qui organisent le parcours professionnel du juge et qui ont prouvé leur inutilité ». C'est pour cela, ajoute le communiqué qui s'adresse à l'opinion publique, « Appeler à la liberté d'une Algérie nouvelle exige d'appeler à la liberté et à l'indépendance de la justice afin de la débarrasser de tous les obstacles matériels et humains. » Indépendamment de cet aveu de « dépendance », le syndicat des magistrats a tenu à « récuser les accusations visant le secteur de la justice et ses hommes, de la part de parties officielles et non officielles qui cultivent des clichés, selon lesquels, les magistrats n'agissent que suite à des instructions ». Il a affirmé en ce sens que « les magistrats refusent qu'on les traite comme un appareil qui fonctionne avec les ordres et les convocations et restent attachés à leur droit constitutionnel, revendiqué par le peuple, et qu'ils (les magistrats) constituent un pouvoir indépendant qui exerce ses missions dans le respect des principes de la légitimité et de l'égalité (…) ». Le syndicat a expliqué que « La protection de la justice et des magistrats ne peut venir d'aucune partie en dehors du pouvoir judiciaire, et ne peut être concrétisée que par un ensemble de mesures qui consacre l'indépendance de la justice, à travers la révision des lois ». Le SNM, dirigé par Issâad Mebrouk depuis avril dernier, n'a pas manqué de mettre en garde ceux qui voudraient porter atteinte à l'indépendance de la justice. « Le syndicat travaillera pour donner aux juges les fondements matériels et moraux devant leur permettre de faire face à ceux qui tenteraient de porter atteinte à leur indépendance », lit-on dans le communiqué. Il faut signaler enfin que la sortie du Syndicat des magistrats survient en pleine polémique autour des poursuites judiciaires engagées contre des hommes d'affaires et d'anciens responsables.