La déclaration faite, jeudi dernier, par le wali de Skikda, annonçant l'attribution d'un quota de 300 logements sociaux dans le site de la nouvelle ville de Bouzaâroura, au profit des habitants de deux bidonvilles de la commune de Filfila, à moins de 20 km à l'est de Skikda, a failli mettre le feu aux poudres. En effet, quelques instants après cette annonce, les habitants du bidonville «Laârayass» (les nouveaux mariés) n'ont pas tardé à réagir en encerclant le siège de l'APC pour séquestrer le maire, le chef de daïra de Skikda dont dépend la commune citée, ainsi qu'un directeur de l'exécutif, qui s'y trouvaient, durant plus de 5 heures. Selon des sources locales, les habitants dudit bidonville ont commencé leur attroupement devant le siège de l'APC à partir de 15 h, en criant des slogans hostiles aux responsables locaux. Ils se sont même abstenus de rentrer chez eux à l'heure de la rupture du jeune et sont restés postés devant le siège de la commune pour empêcher les trois responsables de quitter les lieux. Il aura fallu l'intervention, vers 22 h, des éléments de la BRI, qui ont escorté les trois responsables pour les faire sortir sans heurts, notent les mêmes sources. Lors de cette opération, les manifestants n'ont cependant pas ménagé leur maire ni le chef de daïra, en scandant des slogans propres au hirak, tels, «Dégage» et «Khlitou leblad ya seraqine». Les manifestants ont par ailleurs décidé de poursuivre leur mouvement en tenant des sit-in permanents devant le siège de l'APC jusqu'à l'obtention de ce qu'ils considèrent comme un droit légitime. «Nous allons poursuivre notre hirak ici et nous romprons le jeûne sur les trottoirs», témoignait hier un des habitants du bidonville, et d'expliquer : «Nous vivons dans ce bidonville depuis des années et voilà qu'aujourd'hui on ne nous attribue que 150 logements à Bouzaâroura, dans le territoire de notre commune, alors que tout le monde sait, ici à Filfila, que le nombre de familles du bidonville dépasse les 400». Des banderoles étaient accrochées hier sur le fronton de l'APC. Sur l'une d'elles, on pouvait lire «Nessouknou gaâ» (Nous aurons tous des logements) et «Wali : Bouzaâroura dialna, que vous le veuillez ou non».