– Le Collectif de la société civile pour une transition démocratique, dans lequel RAJ est membre, a tenu, avant-hier à Alger, sa seconde réunion préparatoire d'une conférence nationale pour le changement. Avez-vous engrangé de nouvelles adhésions ? Est-ce que vous avez fixé une date pour la tenue de ladite rencontre ? Depuis le 22 février, le Collectif s'élargit. On a commencé avec un noyau d'associations et on se retrouve avec une trentaine, entres associations de différentes dynamiques au niveau des droits humains, de l'immigration et au niveau national. On est sortis avec une proposition de sortie de crise que nous avons rendue publique. Celle-ci a suscité un intérêt et un débat au niveau national, car elle émane de la société civile. C'est à partir de là que l'idée de la conférence nationale nous est venue à l'esprit. Cette conférence nationale sera ouverte à toutes les dynamiques. Durant ses 20 ans de règne, Bouteflika a tout fait pour casser les canaux de médiation dans les dynamiques des associations, des syndicats et des autres organisations de la société civile. Le 22 février a donné un nouveau souffle à ces dynamiques existantes pour qu'elles s'expriment en toute liberté. On a aussi vu l'émergence d'importants mouvements, comme celui des étudiants, des enseignants universitaires, des artistes et des collectifs citoyens un peu partout au niveau national. C'est à partir de ce moment-là que nous avons estimé qu'il est urgent de capitaliser toutes ces dynamiques et de se rassembler dans une rencontre nationale, que nous avons baptisée : Conférence nationale de la société civile. Elle sera ouverte à toutes les dynamiques qui s'inscrivent dans la logique du changement et de rupture avec le système. Nous avons reçu beaucoup d'appels des associations et des collectifs qui veulent adhérer à cette démarche. Dans le même temps, on a pris attache avec d'autres entités de la société civile qui partagent notre vision, à l'instar de la Confédération des syndicats algériens. Nous voulons organiser une conférence rassembleuse. Pour l'instant, nous n'avons pas encore arrêté de date pour la tenue de cette conférence. Une chose est sûre, il y aura une rencontre nationale préliminaire pour mieux préparer la conférence nationale de la société civile. Celle-ci, nous la voulons souveraine, sortira avec une proposition et une vision communes, visant à aller vers une période de transition, qui portera les mécanismes de changement du système. – A l'instar du mouvement populaire, le Collectif de la société civile pour une transition démocratique avait appelé à sortir du cadre de la Constitution. En face, le régime reste sourd et maintient son propre plan politique, à travers la convocation de l'élection présidentielle en juillet… A travers cette conférence nationale de la société civile, nous voulons donner une autre alternative à la feuille de route que le pouvoir veut organiser coûte que coûte, et qui prévoit l'organisation des élections le 4 juillet. Pour nous, les élections du 4 juillet sont caduques sur tous les plans. Elles ne répondent pas aux revendications et aux aspirations des Algériens qui manifestent depuis le 22 février. La tenue de ces élections, rejetées en bloc par les Algériens, ne peut que régénérer le système en place. Heureusement, le mouvement populaire demeure conscient et a rejeté cette démanche. Nous aspirons à jouer un rôle en tant qu'acteur et force de propositions, pour donner une alternative à ce que veut imposer le système. On veut proposer un contenu à cette période de transition, qui sera indépendante des symboles du système, dont le chef de l'Etat, l'actuel gouvernement et d'autres responsables de la gestion du pays durant les décennies passées, et aussi indépendamment du cadre constitutionnel actuel. Car aujourd'hui, le premier qui a violé la Constitution, c'est le pouvoir en place. Elle a été piétinée en 2014, lors de l'élection présidentielle. A l'époque, Bouteflika ne devait pas se représenter. Elle a été bafouée à travers la répression et les interdictions des manifestations. Elle a été piétinée lors de la candidature de l'ex-président Bouteflika pour 2019, l'installation d'un nouveau président du Conseil constitutionnel, et l'annulation des élections. Actuellement, le régime ne peut pas dire qu'il aspire au respect de la Constitution, vidée de son sens et dépourvue de légitimité populaire. Nous considérons que la crise est politique, et la solution ne peut être que politique, à travers une période de transition qui sera gérée par des personnes indépendantes du pouvoir en place. – Les Algériens ont entamé leur 12e vendredi de mobilisation, coïncidant avec le mois de Ramadhan. Pensez-vous qu'ils continueront à maintenir la pression sur le régime en place ? Le peuple, malgré la période de jeûne et la chaleur, s'est mobilisé massivement vendredi dernier alors que le pouvoir espérait un essoufflement de la mobilisation. Encore une fois, le peuple a démontré sa détermination d'aller jusqu'au bout de ses revendications, même si le pouvoir continue à les ignorer. A chaque fois, les Algériens augmentent le seuil de leurs revendications. Vendredi passé, c'était une journée purement politique. Ils ont démontré qu'ils ont compris les enjeux actuels. Ils ont interpellé directement le pouvoir réel, incarné par le chef d'état-major pour exprimer leur rejet d'un système militaire. Ceci est un indice fort que le mouvement populaire ne va pas s'essouffler. J'en suis sûr, les mobilisations, durant les week-ends et les jours de semaine continueront, notamment avec les étudiants et d'autres dynamiques au niveau national.