Une réunion internationale se tient cette semaine à Paris pour s'assurer d'un remède contre la propagation du terrorisme et de l'extrémisme en ligne. La France a été de nouveau touchée par les implications du terrorisme islamiste, après le rapt de deux de ses ressortissants au Bénin et la mort de deux soldats lors de leur libération au Burkina Faso, vendredi dernier. Un terrorisme réel, concret et mortel. C'est cependant vers un autre terrorisme, parent ou allié du passage à l'acte, qui sera en débat lors d'une rencontre multilatérale cette semaine à Paris : la cyberactivité de l'effroi et de la terreur. La porosité entre l'une et l'autre forme de hideuse violence est démontrée par de nombreux cas avérés. Le fil internet s'avérant parfois un détonateur puissant. En France, le vecteur inquiétant du racisme antimusulman est ainsi largement véhiculé par le Web, devenu une Toile mondiale de la malveillance. C'est ce racisme qui a conduit à la tuerie de Christchurch en mars dernier. Depuis des années, les dirigeants planchent sur cette question délicate de la maîtrise des excès d'internet, car elle touche à la liberté d'utilisation des nouveaux médias, et conséquemment à la démocratie. Comment contrecarrer les effets nauséabonds sans remettre en cause le droit à l'expression sans tuteur ? Après l'attentat qui avait causé la mort de dizaines de musulmans en Nouvelle-Zélande, la Première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, avait pris l'initiative de contacter le président français, Emmanuel Macron. «Il avait déjà pris le leadership sur une initiative comparable, avec l'appel de Paris lancé en novembre, pour plus de confiance et de sécurité dans le cyberespace», a-telle expliqué au Journal du dimanche (JDD). Ainsi est né ce qu'on appelle L'Appel de Christchurch, qui sera dévoilé à Paris mercredi, en présence de plusieurs chefs d'Etat et des patrons des grands groupes de l'internet, parmi lesquels celui de Facebook, Marc Zuckerberg. Reproche avait été fait à Facebook d'avoir laissé en ligne durant dix-sept longues minutes les images en direct du carnage du 15 mars dernier. L'Appel de Christchurch, un document de quatre pages, souhaite que les plateformes internet agissent pour développer leur contrôle face aux contenus haineux ou terroristes. Des chefs d'état ou de gouvernement seront présents Selon le JDD, «l'idée n'est plus tellement de lutter contre le terrorisme en ligne, comme des organisations ont su le faire en matière de propagande et de recrutement ou de financement, mais bien de faire comprendre aux entreprises que la viralité des contenus extrémistes conduit tôt ou tard au passage à l'acte ou à l'imitation meurtrière. Être davantage dans l'action que dans la réaction». Lors de cette conférence au sommet, sera présent le roi Abdallah de Jordanie, qui abordera les incidences des cinquièmes Rencontres d'Aqaba sur la lutte antiterroriste. Le président sénégalais, Macky Sall, sera présent, ainsi que la Première ministre norvégienne, Erna Solberg, pays touché par les attentats d'Oslo et d'Utoya. Seront aussi présents la Britannique, Theresa May, le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar. Le Premier ministre québécois, Justin Trudeau, a annoncé sa présence. Pour lui, cité par Radio Canada, «les médias sociaux et d'autres plateformes en ligne ont permis de créer de nouveaux liens positifs et sans précédent entre les gens». Ils sont cependant «utilisés pour promouvoir, publier et répandre la violence extrémiste et la haine». Par ailleurs, selon le site belge 7 sur 7, «les autorités srilankaises ont pour leur part bloqué les réseaux sociaux après les huit attentats qui avaient fait plus de 320 morts et 500 blessés, revendiqués par le groupe Etat islamique».