Un artiste démarre à partir d'un « sujet souci » et ne le détourne pas pour répondre indirectement à la question. Sinon, ça sera de la politique. Puisque vous voulez faire de la politique ou devenir historien, comparativement à Saïd Sadi, essayez alors d'écrire un livre et éclaircir l'assassinat de Abane par Krim, comme vous le dites. Relisez les réponses de Yasmina Khadra pour vous mettre réellement dans la peau d'un écrivain, pour ne pas faire de la politique tout en se proclamant artiste de l'abstraction du passé. C'est simple de critiquer ce qu'on n'a pas lu et compris. De toute façon, d'après votre façon de voir les choses, l'imagination vous arrange plus que la réalité. Le premier mot prononcé par Yasmina Khadra était : « Je n'ai pas encore lu le livre de Saïd Sadi. » Voilà un esprit d'analyse et de synthèse. Je pense que vous adhérez toujours à la thèse du « soutien critique » au régime, thèse qui a fait d'énormes dégâts, pour ne pas dire que ses éléments portent une lourde responsabilité historique dans la crise algérienne. Boudjedra dit qu'il méprise le régime, c'est pourquoi, soutient-il, il ne le critique pas. C'est bizarre, « le plus grand écrivain arabe » ne critique pas un pouvoir liberticide et corrompu... Pour la petite histoire, ce « mépris » ne l'empêche pas de faire partie de plusieurs commissions organisant « des activités » qui ne font qu'amplifier en dernière instance le discours dominant. De grâce, Monsieur Boudjedra, vous êtes toujours, en brandissant le slogan de « la littérature engagée », à la recherche de « petites rentes » et éventuellement d'une rente politique. Je suis d'accord avec vous quand vous dites que Yasmina Khadra n'est pas un écrivain universel, il fait du journalisme littéraire pour une certaine opinion. A cet égard, il a obtenu le statut d'ambassadeur à Paris pour crédibiliser le discours officiel puisque la diplomatie a failli à sa mission. Sans surprise, il a soutenu le troisième mandat de Bouteflika dans des émissions TV. Comme par hasard, les deux grands écrivains algériens ne sont pas critiques à l'égard du pouvoir politique dominant, ils prétendent pourtant être à l'écoute des angoisses des populations ! La Trahison du clerc de Julien Benda trouverait dans le cas algérien matière à défricher.