Les pharmaciens d'officine des 48 wilayas du pays tiennent aujourd'hui un sit-in devant le ministère de la Justice pour dénoncer, entre autres, la condamnation de leur collègue à Chelghoum Laïd à 10 ans de prison ferme pour «vente frauduleuse de psychotropes». Cette action s'inscrit dans le cadre d'un calendrier de mouvements de protestation adopté par le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo). Les pharmaciens comptent entrer en grève générale nationale le 29 de ce mois en cours et ceux de la wilaya d'Adrar 3 jours avant, soit le 26 mai. Le motif principal de ces actions est la gestion des psychotropes sur les plans professionnel, réglementaire et sécuritaire. «Nous revendiquons l'amélioration de nos conditions de travail par rapport à la gestion des psychotropes sur tous ces plans, étant donné que nous ne sommes pas du tout protégés. Entre les mois de novembre et février, nous avons déploré l'assassinat de deux de nos collègues. En novembre, à Mascara, le papa d'une collègue qui voulait la protéger d'un délinquant a été assassiné à l'arme blanche à l'intérieur même de l'officine. Le drame de février est survenu à Aïn Fekroun, wilaya d'Oum El Bouaghi, où l'épouse de l'un de nos collègues a été attaquée et assassinée par 4 délinquants qui voulaient des psychotropes. Ce n'est pas tout ! Il y a également ces condamnations de nos collègues. Je cite, dans ce sens, un confrère à Blida pour deux ans, un autre à 5 ans de prison à Adrar et notre consœur de Chelghoum Laïd condamnée à 10 de prison sur le simple témoignage d'une délinquante», déplore Messaoud Belambri, président du Snapo. Il déclare qu'ils ont été reçus au ministère de la Santé lundi dernier, et tenu le jour même une réunion extraordinaire de leur bureau national. Une réunion qui a abouti à ce calendrier de protestations. Concrètement, les pharmaciens réclament la modification de la loi 04-18 du 25 décembre 2004 relative à la prévention et à la répression de l'usage illicite et du trafic de stupéfiants et de substances psychotropes. Selon le président du Snapo, toutes les instances, à savoir les services de sécurité, la magistrature et les professionnels de la santé réclament son actualisation. Notre interlocuteur réclame l'approbation et la promulgation du projet de loi modifiant la 04-18 et la publication du décret exécutif relatif à la gestion du médicament psychotrope. Deux documents sur lesquels une commission mixte a travaillé pendant deux ans sans pour autant qu'ils soient promulgués, notamment la version actualisée de la loi 04-18. L'autre point que réclament les pharmaciens d'officine, c'est la publication des tableaux de classification des psychotropes dans le Journal officiel. «Dans son article 3, la loi 04-18 stipule que le ministère de la Santé doit répertorier en 4 tableaux toutes les plantes et substances classées comme stupéfiants, psychotropes ou précurseurs, selon leur danger et leur intérêt médical. Malheureusement, l'arrêté a été fait mais publié dans le Journal officiel sans ces tableaux. Ainsi, l'arrêté perd toute sa valeur, notamment devant les instances juridiques», ajoute-t-il avant d'aborder un grand problème résultant de cette absence de tableaux : les condamnations de pharmaciens pour des médicaments non classés comme psychotropes. Il cite dans ce sens les médicaments Tramadol, Pregabaline, Novazin et Parkidyl administrés dans des cas bien précis et qui ne sont pas concernés par la loi 04-18. Les condamnations de pharmaciens, cité plus haut, sont juste «incohérentes», selon M. Belambri. Face à cette situation de vide juridique et d'insécurité, plusieurs pharmaciens refusent de vendre ces médicaments mettant ainsi en danger les vrais malades.