Les adhérents au Syndicat national algérien des pharmaciens d'officines (Snapo) organiseront lundi prochain un sit-in devant le siège du ministère de la Justice. Les pharmaciens affiliés à ce syndicat prendront part à cette action de protestation pour faire aboutir leurs revendications, déjà transmises aux ministères concernés. Il s'agit, en fait, de la lancinante question de la vente des psychotropes. Pour l'organisation, la réglementation portant gestion des psychotropes par les officines souffre d'un vide juridique qui expose les pharmaciens à des sanctions pénales et à des risques sur les plans de la gestion et de la sécurité. Ils affirment que les tableaux liés à la classification officielle de ces produits ne sont toujours pas publiés au Journal officiel (JO), en dépit de l'existence d'un arrêté ministériel qui date de juillet 2015. Cette situation fait courir aux pharmaciens des risques de poursuites judiciaires tel que le stipulent les articles 16 et 17 de la loi 04-18 du 25 décembre 2004 qui prévoient des peines de prison allant de 5 à 20 ans. "Les pharmaciens sont souvent victimes des dispositions de la loi 04-18, poursuivis et condamnés, alors que ces produits ne sont pas classés officiellement comme étant des psychotropes", avait déclaré, récemment, Messaoud Belambri, président du Snapo. L'usage de fausses ordonnances ou d'ordonnances falsifiées ou de complaisance expose les pharmaciens aux risques de poursuites et de condamnations pénales, "alors que leur responsabilité n'est pas engagée", relève encore M. Belambri. En termes plus clairs, ce sont des ordonnances que des malades ou des toxicomanes imposent avec force aux pharmaciens. Et lorsque ces derniers n'abdiquent pas, ils sont agressés. Face à toutes ces difficultés, le Snapo a déjà lancé un appel au ministre de la Justice pour la promulgation et la publication de la nouvelle loi qui, selon M. Belambri, mettra un terme de manière rapide et efficace à beaucoup de contraintes techniques et à ce vide juridique constaté et vécu depuis 2004. La même revendication est présentée aussi à propos du projet de texte réglementaire, soit un décret exécutif finalisé depuis janvier 2017 qui prévoit l'instauration d'un dispositif technique et réglementaire complet de gestion des psychotropes à tous les niveaux de la chaîne, à savoir la production, l'importation et la distribution en gros et au détail. Or, depuis plusieurs mois, le dossier présenté par le Snapo aux ministères de la Santé et de la Justice est resté lettre morte. Le ministre de la Santé, en revanche, a reçu lundi les délégués du Snapo. Il s'est engagé pour la publication des tableaux des psychotropes au JO et la republication de l'arrêté portant classification de ces produits. Le syndicat affirme que le projet de décret exécutif finalisé concernant la gestion technique des psychotropes a été approuvé par le ministre de la Santé. Le texte sera traduit pour adoption par le gouvernement et publication au JO. Le ministre a même promis de saisir son collègue de la Justice pour la prise en charge des problèmes soulevés. Le premier responsable du département de la Santé a affirmé devant les membres du Snapo, que la commission nationale mixte — ministère de la Santé, Ordre des pharmaciens et Snapo — sera installée de manière officielle et dans les plus brefs délais. Ainsi, cette commission sera en mesure de statuer sur tous les litiges et autres recours constatés au niveau des wilayas pour ce qui concerne l'installation ou le transfert d'officines. Toutefois, au cas où les revendications des pharmaciens ne seraient pas satisfaites, le Snapo menace de recourir à une grève nationale des officines pharmaceutiques mercredi 29 mai. Le syndicat menace même de ne plus commercialiser les psychotropes. B. K.