Les élus de l'Assemblée populaire communale de Annaba, qui se sont réunis en assemblée plénière dimanche dernier, n'ont pas été tendre avec leurs homologues du conseil exécutif. La vingtaine de citoyens qui ont assisté n'avaient rien compris à ce déballage d'animosité et de ce qui paraissait être un règlement de compte entre élus de la même obédience politique. « Interpellés par les citoyens, nous avons honte de dire que nous sommes des élus de cette ville. Jamais depuis l'indépendance, Annaba n'a été aussi sale et ses routes dans un état aussi lamentable. Vous êtes le seul responsable de cette catastrophe. Avec vos vice-présidents, vous avez démontré toute votre incompétence dans la gestion de la 4e ville d'Algérie. Arrêtez d'établir des PV de délibération sur mesure par-devers nous. C'est de la mauvaise gestion. L'argent du contribuable sert à l'acquisition de commodités comme à l'intérieur de la commune et non pour améliorer le quotidien des habitants. Vous ne nous empêcherez pas de parler devant les citoyens qui nous écoutent », s'était insurgé M. Khallaf un des élus FLN réfractaires à l'ordre établi par Nourredine Kouadria, président de l'APC de Annaba. Durant plusieurs heures, les accusations ont fusé de toute part, y compris celles portant sur la dilapidation de deniers publics. « Au lieu d'engager cet argent dans des opérations d'amélioration du quotidien des habitants, comme par exemple la réfection des routes, vous avez préféré acheter des voitures et autres commodités à l'intérieur de la commune. Nous prenons à témoin les citoyens présents et les représentants de la presse pour affirmer que nous n'avons rien à voir dans ces acquisitions et dans vos décisions », a lancé un autre élu FLN, sous le regard amusé et narquois de ses homologues du parti d'El Islah. D'abord surpris par ce déballage et les propos virulents utilisés à l'encontre du président de l'APC et certains de ses proches collaborateurs, les citoyens présents ont été véritablement choqués d'entendre parler de déviation dans la gestion des finances de leur commune. Tout autant que les commerçants venus en nombre avec la ferme intention de perturber la session. Désarçonnés par les accusations qu'ils entendaient et les échanges d'expressions caustiques, ils étaient restés pantois, leurs petites banderoles en papier en main. « Président d'APC et vice-président dehors », « Eradication du marché informel »,« 2 années de mauvaise gestion des affaires de la commune barakat », avaient écrit ces commerçants accompagnés de M. Hanoune, président de l'Union générale des commerçants algériens Annaba. Les citoyens présents avaient espéré entendre leurs élus soulever des questions liées à la situation de la ville, au chômage qui frappe plus de 33% de la population active, de l'engagement de leur commune dans les grandes actions de développement et d'aménagement local. Il n'en fut rien. En guise d'évaluation des activités de l'année 2004, ils eurent droit à des chiffres jetés pêle-mêle. C'était beaucoup plus une litanie d'un élu maîtrisant la langue française auquel on a imposé de s'exprimer en langue arabe pour, certainement, ne pas être compris. Décrié par la plupart des membres élus, le président a trouvé refuge dans des agréments « à peu près ». Ainsi à l'heure où les communiqués de presse se suivent et se ressemblent quant aux jumelages de Annaba avec Dunkerque par-ci et la ville de Nelson Mandela en Afrique du Sud par-là, la ville croule sous des saletés, les routes sont défoncées, des quartiers mal éclairés et des élus obnubilés par la réfection devant leur chez-soi. En fait, depuis leur élection en octobre 2002, les élus de Annaba ont fait beaucoup plus de la politique politicienne que de prendre en charge les préoccupations des citoyens. Ainsi l'ont voulu les 14 élus d'El Islah, qui bien qu'en minorité face à leurs 19 pairs du FLN, tirent les ficelles quand ils veulent, comme ils veulent et pour les objectifs qu'ils veulent.