Malgré son célèbre Cours de la Révolution, ses larges rues, ses avenues et boulevards, sa superbe corniche sur 12 km, elle ressemble depuis octobre 2002 à un bas-fond. C'est beaucoup plus une favela où s'entassent toutes les illusions de ce qui devait être l'une des plus belles villes d'Algérie. La clochardisation y a élu domicile apparemment pour longtemps au vu des tiraillements, frictions et combats d'arrière-garde que se livrent ceux qu'anime l'amour du pouvoir et du koursi. La première plénière de l'année 2005 du conseil exécutif communal a fourni le plus bel exemple. Durant cette session, des citoyens ont vu et entendu s'exprimer des incompétences caractérisées, des prétentions se matérialiser et les préoccupations des citoyens archivées. La quarantaine de personnes présentes avait espéré voir leurs élus entamer une approche sur la situation sociale, économique, culturelle et sportive de leur ville. D'autant que l'ordre du jour comportait l'évaluation des activités de la commune de l'année 2004. Ils s'attendaient aussi à ce que soit abordé le développement de la solidarité intercommunale et à l'exigence de cette solidarité envers les plus démunis et les victimes d'exclusion imposée par le chômage. Les personnes présentes dans la salle avaient souhaité entendre leurs élus soulever la question de l'utilisation rationnelle des moyens humains, matériels et financiers de la commune. Plusieurs de ces personnes avaient proposé, à des élus de leur connaissance, d'envisager des campagnes de volontariat, de reboisement et d'amélioration de l'environnement des quartiers en collaboration avec le mouvement associatif. Ils seront déçus tout autant que d'autres intéressés par la nécessaire prise en charge de ces centaines d'adolescents livrés de nuit comme de jour à la rue avec leur sachet et le tube de colle Patex. A l'écoute des interventions des élus durant la session, les premiers et les seconds s'étaient rendus à l'évidence, leurs élus n'avaient cure de ces problèmes. Tacitement, ces élus ont décidé que jusqu'à la prochaine session, Annaba devra continuer à vivre avec des conduites d'évacuation des eaux usées obstruées, l'éclairage public défectueux, les rues et les places publiques sales, les ordures ménagères non ramassées, les routes et les ruelles défoncées et les ornières et nids-de-poule en nombre. C'est pourquoi, les habitants s'interrogent sur la finalité de la réunion que l'union des associations de quartier de Annaba a programmée ce jeudi à l'amphithéâtre de la direction de la jeunesse et des sports. Les organisateurs la destinent à « l'étude des préoccupations des habitants ». Ils ont invité beaucoup de monde, avec en tête de liste, les représentants de l'Etat les élus, les partis politiques. Lutte d'intérêts oblige, ces derniers sont obnubilés par d'autres dossiers sans relation avec ces préoccupations. Pour justifier leurs nombreuses défaillances, ils n'hésitent pas à argumenter la faiblesse des 800 millions de dinars représentant le budget annuel de la commune. « Je suis un habitué des réunions du conseil exécutif de la commune de Annaba. Je n'ai pas compris pourquoi les grandes délibérations qui concernent les citoyens ne sont pas publiées. Dans la revue communale, il n' y a que les photos du P/APC et des articles vides de sens. J'appréhende énormément les nuits blanches à cause des moustiques. Ils n'ont rien fait pour y remédier. Quant à l'état des routes, les réfections effectuées relèvent du bricolage, et de la dilapidation des deniers publics », a indiqué Abdellatif Bounanane, un septuagénaire natif de Annaba. Et comme le ridicule ne tue point, voilà que ces élus rêvent de visiter la ville Nelson Mandela en Afrique du Sud et Dunkerque en France avec lesquelles Annaba est jumelée.