Se promener du côté de la cité des 215 Logements, au chef-lieu de la commune d'Aokas, est, parfois, presque impossible. L'atmosphère est irrespirable. En plus de la chaleur et des effets du jeûne, des fumées irritantes et nauséabondes se dégagent des déchets qui brûlent en plein centre-ville. Des amas d'ordures ménagères se sont entassés depuis plusieurs jours, formant de véritables dépotoirs à quelques mètres seulement d'immeubles habités. Pour ne rien arranger, des personnes y mettent le feu délibérément. Au gré du vent, tous les appartements sis dans les alentours sont inondés tour à tour par la fumée. «Hier, je n'ai pas pu dormir chez moi, car mon appartement fut inondé de fumée, alors j'ai préféré prendre ma famille pour passer la nuit chez mes parents au village», nous a raconté un citoyen habitant à la cité des 60 Logements. Pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis de cette situation qui perdure depuis plusieurs jours, des riverains avaient, vraisemblablement, volontairement dispersé des sacs remplis de déchets sur la chaussée. Une réaction qui n'a fait qu'aggraver le sinistre déjà plus que visible. La collecte au niveau de ce chef-lieu ne s'est pas faite depuis plus d'une vingtaine de jours. La grève cyclique des fonctionnaires de l'APC en relation avec le mouvement populaire que vit le pays ces derniers mois n'est pas l'unique raison. Depuis la fermeture par des citoyens, au mois d'octobre dernier, de la décharge sauvage improvisée à la sortie de la ville d'Aokas, la situation n'a fait qu'empirer. Même collectées par les services de l'APC, aucune assiette n'est prévue pour entreposer les tonnes d'ordures produites par les ménages et autres. «A ce jour, aucune solution n'est en vue», nous a déclaré le P/APC, Mohamed Lagha, venu superviser l'opération de nettoiement de la chaussée. Ce qui a aggravé la situation, selon le P/APC, c'est le refus des citoyens des alentours d'entreposer les bacs à ordures à l'intérieur de leurs cités. Ces amas d'ordures constitués à l'extérieur encouragent les citoyens d'autres contrées à venir, sans être inquiétés, se débarrasser de leurs poubelles au chef-lieu d'Aokas. Plusieurs tentatives pour trouver un endroit afin d'entreposer les ordures collectées dans la commune d'Aokas ont échoué. «Depuis le mois d'octobre passé, nous avons tenté vainement et à plusieurs reprises de trouver des accords avec d'autres communes pour nous permettre d'utiliser leurs décharges. Le problème de la gestion des ordures ménagères et la prolifération de ces dépotoirs n'est pas seulement l'affaire de l'APC. Cela doit être l'affaire de tous», a tenu à ajouter le maire. L'APC a déjà réservé une enveloppe d'un million de dinars pour assurer la logistique et déplacer tous ces tas de déchets ailleurs, le plus dur reste de dénicher une assiette adéquate ou trouver un accord même avec une wilaya limitrophe dans ce sens. Ce qui inquiète le plus les responsables locaux et les citoyens, c'est l'approche de la saison estivale. L'arrivée de milliers d'estivants va vraisemblablement compliquer davantage les choses. Avec la chaleur estivale, cela constituerait, à coup sûr, une réelle menace sur la santé publique.