Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, tacle violemment le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah. Il lui rappelle son âge très avancé et lui demande de prendre sa retraite et de céder la place aux jeunes. «Vous voulez réhabiliter la compétence et redonner sa place à l'élite ? Vous voulez remettre de la confiance dans l'économie nationale ? Vous voulez rendre un dernier service à l'Armée nationale et à l'Algérie ? Alors déposez votre demande de retraite, vous et tous ceux qui comme vous ont vieilli dans les postes de commandement et les centres de décisions politiques», écrit-il dans un long texte posté, hier, sur sa page Facebook. Il lui rappelle, dans ce sens, qu'il y a «des cadres militaires et politiques intègres et compétents dans la génération que vous avez de tout temps marginalisée et exclue». «Laissez-les prendre les choses en main et vous verrez ce que vaut réellement l'Algérien», lui demande-t-il. Pour Mohcine Belabbas, le dernier discours d'Ahmed Gaïd Salah «ne laisse aucun doute sur la volonté du chef de l'armée de régenter la vie du pays». «Cela renseigne aussi sur le peu de cas que font nos dirigeants de l'avenir du pays à court terme», ajoute-t-il, qualifiant la volonté «du pouvoir de fait» d'imposer la présidentielle du 4 juillet de «déni de réalité». Les Algériens, explique-t-il, ne vont pas se soumettre aux injonctions du chef d'état-major. «A coups d'injonctions et de menaces, le chef d'état-major, qui s'est octroyé, en violation de la Constitution, à la fois les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, croit pouvoir mettre tout le monde au garde-à-vous. «Le peuple algérien n'est pas un Homme malade» Le peuple algérien n'est pas un homme malade comme l'était le chef de l'Etat déchu pour s'exécuter et céder à la menace, maintenant qu'il s'est libéré de la peur d'un système politique inique», lance-t-il. Poursuivant, il explique pourquoi il est aujourd'hui nécessaire de passer par une période de transition constituante. «C'est parce que l'Algérie a vécu depuis l'indépendance dans un véritable déni constitutionnel avec près de 18 ans de suspension de la Constitution, notamment entre 1965 et 1976 et 1991/1996, qu'elle a besoin d'une période de transition constituante pour en finir avec les crises cycliques qui ont hypothéqué et hypothèquent encore son avenir», souligne-t-il. Réagissant à l'appel lancé par Gaïd Salah au mouvement populaire pour désigner ses représentants, le patron du RCD relève l'impossibilité de dialoguer avec un personnel dirigeant illégitime. «Vous enjoignez au hirak de dégager de vrais représentants pour dialoguer. Mais avec qui ? Que représentent aujourd'hui ceux qui commandent le pays ? Vous avez été choisi par le chef de l'Etat déchu comme vice-ministre de la Défense et comme chef de l'état-major de l'armée», souligne-t-il. «Le chef de l'Etat intérimaire a lui aussi été désigné par le chef de l'Etat déchu comme sénateur du tiers présidentiel et président du Sénat. La majorité parlementaire est issue des fraudes organisées par l'actuel Premier ministre. En vérité, seule une autorité ayant l'assentiment du hirak a la légitimité de conduire le pays vers un Etat de droit», ajoute-t-il.