"Il n'appartient pas au chef d'état-major d'intervenir dans la vie politique qui est réservée aux partis politiques", a dénoncé le président du RCD. Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, a réagi, hier, à la solution prônée, la veille, par le chef d'état-major de l'Anp, le général Ahmed Gaïd Salah, pour faire partir Bouteflika. "C'est un grave dérapage !", a-t-il dénoncé, en effet, lors d'une conférence de presse animée au siège du parti à Alger. Le président du RCD a qualifié cette immixtion dans les affaires politiques d'usurpation des missions du chef suprême des forces armées. "L'application de l'article 102 de la Constitution relève du domaine politique. Ce qui n'est pas dans les prérogatives du chef d'état-major. Il n'appartient donc pas au chef d'état-major d'intervenir dans la vie politique qui est réservée aux partis politiques. Gaïd Salah vient d'outrepasser ses prérogatives. Il a usurpé les prérogatives du chef suprême des armées. Son appel à l'application de l'article 102 de la Constitution peut être interprété comme un appel à la mutinerie ! Rien que pour cela, il doit être destitué et puni par la justice", a affirmé Belabbas, regrettant, au passage, que la sortie de Gaïd Salah "envenime davantage la situation du pays". Le premier responsable du RCD estime, du reste, que le chef d'état-major ne serait plus vice-ministre tant que le nouveau Premier ministre, Noureddine Bedoui, n'aura pas encore formé son gouvernement. M. Belabbas s'est déclaré hostile à l'idée d'appliquer l'article 102 qu'il juge "dépassé". Pour lui, cette disposition de la Constitution portant sur la destitution du chef de l'Etat ne devait pas attendre ce jour, mais elle aurait dû être appliquée depuis plusieurs années au vu, a-t-il justifié, de l'état de santé dégradé du président Bouteflika depuis son AVC en 2013. Il rappelle que son parti était parmi les premiers à avoir appelé alors à l'application de cette disposition définie dans l'article 88 de la Constitution avant sa révision en 2016. Pour Mohcine Belabbas, c'est plutôt l'article 7 de la Constitution qui doit être appliqué aujourd'hui pour restituer le pouvoir au peuple. Cet article stipule que "le peuple est la source de tout pouvoir" et que "la souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple". "Aujourd'hui, personne n'a le droit de décider à la place du peuple qui nous le rappelle chaque vendredi dans la rue", a-t-il expliqué. Le président du RCD a également soutenu que les partis politiques n'ont plus aucun rôle autre que consultatif à jouer durant la période de transition à laquelle il appelle toujours. Il a souligné que le peuple n'est pas dans une logique de réformer ou de recycler le système, mais plutôt dans celle du "dégagisme". Autrement dit, le départ de tout système. Par ailleurs, Mohcine Belabbas s'est dit opposé à l'idée défendue par certaines parties de faire appel à l'ex-président de la République, Liamine Zeroual. Ce dernier, a rappelé M. Belabbas, est loin d'être exempt de reproches. Il l'accuse d'avoir "violé la Constitution en 1998 et organisé la fraude pour l'élection de Bouteflika en 1999". M. Belabbas juge, ainsi, que ceux qui réclament aujourd'hui le retour de Zeroual, sont les mêmes qui ont donné le pouvoir à Bouteflika, et qu'ils tentent, donc, de récupérer. Farid Abdeladim