Le RCD conditionne une transition de rupture par la démission de Bouteflika, la dissolution de l'APN, du Sénat et du Conseil constitutionnel. Le président du RCD, Mohcine Belabbas, a annoncé, hier 27 mars, lors d'une conférence de presse organisée au siège du parti à Alger, que l'intrusion du vice-ministre de la Défense nationale et chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, «dans sa demande d'application de l'article 102 de la Constitution», a envenimé la situation. Le président du RCD a indiqué qu'il n'appartient pas au chef de l'armée de faire ce genre de discours en se demandant «en quelle qualité le chef d'état-major s'est ingéré dans ce genre de problématique ?» Mohcine Belabbas a précisé que le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah n'est pas le «chef suprême des Forces armées». «Il n'a d'ailleurs pas cette qualité. Donc, il y a usurpation de fonction, car il a parlé au nom de l'Armée nationale. Il n'a pas le droit de faire ce genre de déclaration», a-t-il insisté, ajoutant que le chef de l'état-major «a transformé l'Armée nationale en parti politique». «Dans un Etat démocratique normal, le chef d'état-major devrait être destitué parce qu'il a outrepassé ses prorogatives. C'est une déclaration grave de la part d'un chef d'état-major», a-t-il poursuivi. Selon Mohcine Belabbas, l'application de l'article 102 de la Constitution «est dépassée par la situation actuelle du pays. Elle devait être mise en œuvre depuis plusieurs années, car la maladie du Président ne date pas d'aujourd'hui», soulignant, dans le même contexte, que le «le RCD avait, à l'époque, demandé son application en 2012 (article 88)». Il affirmera que «l'activation de cet article n'est autre qu'une manœuvre d'un clan à l'intérieur du système pour sauver ce dernier au détriment de l'Algérie, étant donné que le quatrième mandat du Président prend fin dans un mois». Pour lui, «le pouvoir est dans la rue». «Le peuple a repris sa souveraineté. Le peuple a refusé le nouveau gouvernement ainsi que la feuille de route proposée par Bouteflika», a-t-il relevé. «Depuis le 22 février, il n'y a plus de partis d'opposition ni de partis du pouvoir. Il y a des forces qui s'inscrivent dans le plan de sauvegarde du régime et d'autres voient que l'objectif est de sauver l'Algérie», a relevé Belabbas. Dans ce contexte, Mohcine Belabbas a invité le président Abdelaziz Bouteflika à démissionner, réclamant, dans la foulée, la dissolution du parlement et le départ du gouvernement. Continuant sur sa lancée, il a également exigé la dissolution de «la police politique». C'est là la feuille de route «pour une transition de rupture» que propose le RCD, en la conditionnant par la démission du président de la République Abdelaziz Bouteflika et non l'application de l'article 102 de la Constitution. Le RCD soumet à toutes les forces politiques, aux forces vives et aux Algériennes et Algériens «cet agenda d'une transition apaisée vers une Algérie de paix, de liberté, de modernité et de progrès». Le patron du RCD a appelé à l'avènement d'une haute instance dotée de tous les moyens pour piloter une phase de transition la plus courte possible. Elle sera gérée par trois personnes issues de la justice, de l'enseignement et des syndicats indépendants. Pour gérer la période de transition, le RCD propose «une haute instance constituée de trois personnes issues des grandes corporations comme le corps de la magistrature, l'Enseignement supérieur, les syndicats autonomes», a-t-il soulevé. «L'âge des candidats est important pour gagner en crédibilité et en confiance ; il sera de moins de 60 ans à la date de l'élection», a souligné le même parti. La HIT nommera «le gouvernement du salut national, l'instance nationale indépendante de l'élection et le comité de la nouvelle Constitution». De même, Mohcine Belabbas a réclamé l'élaboration d'une nouvelle Constitution qui délimite les fonctions de l'instance. Cette dernière sera soumise à un référendum dans un délai de deux mois. Autrement dit : avant la fin de juin 2019. Autre demande : la création d'une nouvelle instance pour la surveillance des élections qui serait indépendante du gouvernement. Après la fin du processus, le RCD a défendu l'organisation de la présidentielle avant fin octobre 2019.