Après une grève de plusieurs semaines, le corps universitaire dans la wilaya de Constantine a enfin décidé de suspendre l'arrêt des cours, en maintenant la marche organisée chaque mardi. La décision a été prise, dimanche dernier, lors de l'assemblée générale ayant réuni étudiants et enseignants à l'université Salah Boubnider (Constantine 3). La réunion était assez particulière, puisqu'elle a été marquée par un débat très sérieux entre les intervenants, qui ont mis sur table le bilan du mouvement, en pesant le pour et le contre de toutes les actions menées. Le conclave, qui a duré tout l'après-midi, a conclu que la reprise des études devient une évidence inévitable, pour le renforcement et le bon déroulement du Hirak. Il est nécessaire de rappeler que les universités se sont vidées des étudiants, dont la majorité, venant des autres wilayas sont rentrés chez eux. Ce vide s'est répercuté lourdement sur le programme pédagogique, malgré la reprise des études dans certains départements. La grève a fait comprendre à tout le monde que le désert au sein des infrastructures universitaires ne sert nullement le Hirak, particulièrement les marches de mardi, avec un nombre de manifestants qui a considérablement diminué. Parmi les huit décisions prises et transcrites dans le communiqué de l'AG, dont El Watan détient une copie, on notera en première ligne la création d'une coordination des universités pour le Hirak (CUCH). « Nous avons jugé lors de la réunion, qui s'est tenue de midi jusqu'à 16h, la nécessité de créer une coordination, surtout que l'absence d'un représentant du peuple éclabousse ce mouvement. Nous avons opté pour la rédaction d'une charte de la coordination des universités pour le Hirak, afin de faciliter aux membres activant sur terrain de connaître les rouages, tout ce qui se dit sur le mouvement et ce qu'il faut dire correctement », a déclaré Nasser Djebbar, enseignant au département d'histoire. Et de poursuivre que les présents ont également discuté la planification d'une nouvelle stratégie pour une mobilisation intacte au sein des universités, en organisant des conférences à caractère « politico-académique ». Ces rencontres qualifiées d'instructives, selon les dires de M. Djebbar, seront chapeautées et menées par des experts et des professeurs en histoire, en droits, en sciences politiques et en sociologie. « L'objectif est de mettre sous la lumière les évènements que traverse le pays et déterminer ce qu'il faut faire en urgence et à long terme », ajoute-t-il. La famille universitaire a également envisagé, d'après certains présents, la création d'une nouvelle formule de communication avec la presse, qui « se présente comme un partenaire indispensable dans le Hirak ». En plus des décisions prises lors de l'AG, les participants ont soulevé dans leur communiqué les menaces et les pressions exercées par l'administration à l'encontre des étudiants et des enseignants participants au Hirak. C'est pourquoi ils ont envisagé l'établissement des normes et des bases démocratiques dans l'université, à travers l'ouverture des espaces pour les débats et la liberté d'expression. Dans ce sens, les présents ont dénoncé la fermeture de la salle des conférences Mohamed Seddik Benyahiya par le recteur de l'université Abdelhamid Djekkoun. Afin de donner une dimension incontestable au mouvement, l'AG a invité toutes les universités de Constantine à maintenir le Hirak et à participer dans les assemblées générales qui se tiennent dans ce sens, en coordonnant avec les autres universités du pays. « Nous dénonçons les arrestations et la répression violente contre les étudiants à Alger. Nous appelons les enseignants qui ont occupé des postes de responsabilité pour de longues années de céder leur place, en cohésion avec l'esprit du Hirak. La suspension de la grève en maintenant la marche du mardi, dans la possibilité de prendre des décisions adéquates avec les nouveautés survenues sur la scène politique du pays », est-il souligné dans le même communiqué.