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Mohamed Gouali. Expert en finances : «Total s'implique implicitement dans une position hostile à l'égard de Sonatrach»
Publié dans El Watan le 02 - 06 - 2019

La major américaine Occidental Petrolieum va racheter Anadarko qui possède des actifs très importants en Algérie (opérateur des blocks 404a et 208) avec une participation de 24,5% dans le bassin de Berkine (champs de Hassi Berkine, Ourhoud et El Merk) dans lesquels Total détient déjà 12,25%. En 2018, la production de ces champs a été de 320 kbep/j de pétrole. Mais Total annonce avoir signé un accord engageant avec Occidental en vue de l'acquisition des actifs d'Anadarko en Afrique (Algérie, Ghana, Mozambique et Afrique du Sud) pour un montant de 8,8 milliards de dollars, dans l'éventualité d'un succès de l'offre en cours d'Occidental pour le rachat d'Anadarko. Quels sont, selon vous, les enjeux de cette acquisition ?
Ce qui se passe entre Anadarko, Occidental, Total, et… Sonatrach est très commun dans le monde des fusions-acquisitions. Je voudrais d'abord synthétiser le problème pour que vos lecteurs prennent l'exacte mesure de ce qui se passe et l'impact de cette transaction sur Sonatrach, c'est-à-dire sur l'Algérie. Les actionnaires d'Anadarko ont voulu se désengager de cette entreprise et ont choisi l'option de vente à une tierce partie.
Cela arrive couramment. Après avoir annulé les négociations avec Chevron (au prix fort), le management a trouvé un accord avec le groupe Occidental. Occidental rachète Anadarko car elle veut compenser la faible production de ses sites en prenant la décision de se renforcer dans les zones géographiques où elle est déjà présente : USA (avec en particulier l'un des plus importants sites de production de pétrole de schiste au Texas), Amérique latine, et pays du Moyen-Orient : Oman, Qatar, Emirats arabes unis pour l'essentiel.
Anadarko, quant à elle, a une relative bonne présence aux USA, dans le Golfe du Mexique, en Amérique du Sud et en Afrique (Algérie, Ghana, Mozambique). Elle offre donc de bonnes synergies avec Occidental, sauf pour la zone Afrique qui ne fait pas partie de son scope. Par conséquent, il est tout à fait normal qu'Occidental choisisse de désinvestir en Afrique (corollairement, cela lui permet d'utiliser l'argent ce cette vente pour réduire ses dettes).
Les synergies géographiques sont donc un facteur structurant de cette transaction. Elles le sont aussi pour Total qui, a contrario, a une présence très forte dans nombre de pays africains et en particulier en Algérie. Pour Total, la cession des parts d'Anadarko dans le Groupement Berkine l'associant à Sonatrach est une formidable opportunité pour devenir la première société étrangère opérant dans le Sahara algérien, aussi bien dans l'amont que dans l'aval, et dominer du fait de sa puissance financière et technologique la société nationale. Ce qu'elle n'a pu réaliser auparavant du fait de la diversification partenariale opérée par Sonatrach depuis les années 1970.
L'enjeu est donc éminemment stratégique.
En voulant capter les parts d'Anadarko qui viendront s'ajouter à ses 12,5% et cumulés à tous les projets qu'il a acquis en Algérie, Total s'implique implicitement dans une position hostile à l'égard de Sonatrach, et qui aura in fine des répercussions préjudiciables, stratégiquement et même politiquement, sur l'Algérie.
Faut-il rappeler que des dizaines de trillions de dollars et des millions de victimes ont résulté des guerres d'Irak, de Syrie, et de Libye dont l'objectif principal est l'accaparement de leurs ressources énergétiques. Pour l'Algérie, cette transaction sera d'autant plus maligne qu'il n'existe pas de réciprocité en la matière qui aurait permis à Sonatrach par exemple d'acquérir des actifs stratégiques de Total en France ou ailleurs. C'est donc un jeu à somme nulle. Un Total gagnant implique une Sonatrach perdante.
Le ministre algérien de l'Energie a annoncé que l'Algérie va faire valoir le droit de préemption et s'opposer à cette transaction avant de se raviser et parler plus de compromis. Quelle est la marge de manœuvre de l'Algérie dans cette affaire ? Comment ce ministre peut-il parler de compromis alors qu'il n'est même pas assis à la table de négociations ?
Il semble avoir réagi instinctivement alors que le premier dossier qu'il aurait dû étudier est le fait qu'Anadarko avait des velléités de vente et avait reçu une offre d'achat de Chevron depuis le début avril. Il me semble qu'il n'y a pas eu d'anticipation de Sonatrach sur cette affaire.
Fondamentalement, il n'est pas aisé de répondre à votre question sur la marge de manœuvre de l'Algérie sans avoir lu précisément les termes contractuels entre Sonatrach et Anadarko concernant ce point. Si c'est un «Right Of First Offer», cela veut dire qu'Anadarko doit obligatoirement et en bonne foi proposer à Sonatrach l'achat de ses actions, avant de s'adresser à une tierce partie (Total en l'occurrence).
Si c'est un «Right Of First Refusal», cela signifie qu'Anadarko se doit (mais n'est pas obligée de le faire) de proposer ses actions à Sonatrach après avoir reçu une offre de Total. Charge ensuite pour Sonatrach de s'aligner sur l'offre de Total. Par conséquent, vous voyez que de la structure de la clause dépend l'issue finale.
Ce qui importe de noter, c'est que quel que soit le schéma, Sonatrach est théoriquement prioritaire dans l'acquisition des actions d'Anadarko. Elle l'est soit en négociant un prix qui convient à Anadarko, dans le premier cas, soit en s'alignant sur l'offre de Total. Sonatrach reste quand même maîtresse du jeu si la clause contractuelle a été rédigée dans le sens que j'ai expliqué. Cela expliquerait en partie la réaction prudente et diplomatique de Total aux premiers propos du ministre algérien.
Le patron de Total était jeudi dernier en Algérie ou il a été reçu par le ministre de l'Energie. Quels sont, selon vous, les compromis possibles permis par le droit international ?
Je voudrais d'abord souligner qu'en fait, tout dépendra de la volonté du gouvernement. Veut-il asseoir l'avenir stratégique du pays sur des actifs réels et défendre les intérêts à long terme de l'Algérie, ou veut-il négocier la stabilité du système et éviter de contrarier ses interlocuteurs et leur gouvernement, en se contentant de bénéfices à court terme, comme cela a été fait durant les vingt dernières années ?
Quant aux négociations entre les parties algérienne et française, il y a à mon sens trois scénarios essentiels qui pourraient être discutés et à partir desquels peuvent se développer différentes variantes. Le premier scénario revient, comme je l'ai développé précédemment, à voir Sonatrach exercer son droit à racheter prioritairement les actions d'Anadarko et prendre en charge directement et solidairement le Groupement Berkine.
Le second scénario verrait une Algérie et une Sonatrach volontaires, et stratèges. Cela voudra dire que Sonatrach viendrait renchérir sur l'offre de 8,8 milliards de dollars de Total pour acquérir les sites du Mozambique, du Ghana, et d'Afrique du Sud.
Cela donnera une dimension continentale à Sonatrach et c'est bien un légitime objectif que d'être un leader sur son propre continent. Cela est d'autant plus faisable que ces pays ont toujours eu une relation historique amicale et fraternelle avec notre pays. Mais cela suppose des dirigeants une autorité de tutelle et un gouvernement visionnaires, stratèges et bien préparés pour saisir cette opportunité.
Le troisième scénario consiste à réaliser un partage équitable entre Total et Sonatrach des actions d'Anadarko tout en veillant à maintenir inchangée la part globale de Total en Algérie.
Ceci revient à dire qu'éventuellement Total devra se désengager et renoncer, au prorata, à ses autres projets en Algérie. C'est une transaction gagnant-gagnant qui aura un double effet : ne pas créer de rupture hostile dans le positionnement stratégique de Total en Algérie, et consolider un climat de confiance en dehors de tout calcul suspicieux dans un pays où le peuple cherche à changer les fondations d'un système politique connu pour être notoirement incompétent et corrompu.
Et ce changement peut aller jusqu'à remettre en cause les engagements politiques, économiques et culturels pris par un gouvernement déclaré illégitime par la volonté populaire.


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