Ville ? Village ? Bourg ? Douar ? Un vrai casse-tête pour les experts qui avouent leur incapacité de cerner cette « localité », située à 4 km au sud d'El Harrach et connue sous le nom des Eucalyptus. Pis encore, on est allé jusqu'à la qualifier de « cas d'école ». En d'autres termes « un non-sens urbanistique » qu'il serait intéréssant d'enseigner dans les grandes écoles d'architecture. « Un cas à bannir dans tout projet de conception d'une ville ! », serait l'intitulé tout indiqué d'un éventuel module d'enseignement, se plaît à relever un ancien de l'EPAU (Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme) à propos de cette « ville » érigée en APC en 1984. Lieudit exclusivement consacré à l'agriculture, la commune des Eucalyptus (le nom est lié à la présence de cet arbre originaire d'Australie, planté tout au long de la route qui traverse la localité) était connue autrefois comme étant une zone marécageuse. Les oiseaux migrateurs y faisaient leur halte à cause des marais et de la tranquilité qui y régnait. Les autorités coloniales, s'appuyant, de toute évidence, sur le fait que la zone n'était pas urbanisable, avaient décidé de ne rien construire, ou presque. Mis à part des maisons rurales clairsemées, il n' y avait comme l'nfrastructure « officielle » que le centre radio-maritime. Créé en 1947, ce centre avait pour mission première de « surveiller » le trafic maritime civil en étant en contact permanent avec n'importe quel navire, se trouvant à n'importe quel point du globe. Placé sous l'autorité des Postes et Télécommunications à l'avènement de l'indépendance, le Centre Radio, qui a perdu sa vocation initiale, est aujourd'hui géré par Algérie Télécoms et abrite plusieurs services techniques dont le Centre national d'énergie. En 2004, celui qui visite pour la première fois les Eucalyptus s'y perd, inexorablement. Ne sachant guère s'il est au centre ou foulant les extrémités de la « ville ». Contrairement aux villes coloniales voisines, telles Larbaâ, Sidi Moussa ou Bougara (ex-Rovigo), qui ont été érigées autour d'une place centrale, cette localité est dépourvue de centre-ville. « Lotissement », lieu qui s'apparente plutôt à un immense capharnaüm « commercial », poussiérieux, situé au beau milieu de la route nationale qui traverse Les Eucalyptus (RN 8), est considéré comme tel. Le reste, c'est du béton à perte de vue. Des demeures individuelles de type R+2, voire R+4, avec, en dessous, les inévitables locaux commerciaux. Dépassant de loin les 100 000 habitants, la localité se classe parmi les plus populeuses de la wilaya d'Alger, s'imposant ainsi « de jure » dans la carte municipale nationale. Cela n'empêchera pas, cependant, son premier magistrat de la qualifier de « commune oubliée » au vu de ses maigres ressources financières. « Comment voulez-vous gérer une cité avec 10 milliards de centimes par an dont 8 sont consacrés à la masse salariale ? », s'interroge un élu en signalant que de ce qui reste de cette « maigre escarcelle » doit assurer toutes les dépenses telles que l'entretien des 31 groupes scolaires, l'éclairage public, l'enlèvement des ordures ménagères. Côté infrastructures, les élus locaux reconnaissent que le chemin est encore long. « Nous nous démenons pour dédoubler la route (RN 8) afin de fluidifier la circulation ou créer, sous peu, un marché communal. Mais cela reste insuffisant d'autant que la population ne cesse d'augmenter. Ses besoins aussi. » ll convient de souligner qu'un site AADL de 406 logements est en cours de construction aux Eucalyptus dont 130 ont été livrés. Une autre aberration « urbanistique » même si le mal est déjà fait.