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Hamsi Boubekeur. En transcendant les frontières : L'enragé de la paix
Publié dans El Watan le 08 - 05 - 2010

Du 13 au 28 mai, le Centre culturel algérien et la délégation générale Wallonie-Bruxelles à Paris présentent « La Terre est mon village », une exposition qui rassemblera 33 œuvres de l'artiste-peintre Hamsi Boubekeur, dont 20 toiles de création récente, complétée par une sélection de 13 œuvres graphiques à l'encre de Chine et à la gouache sur papier.
La passion que Hamsi Boubekeur voue à la chose artistique remonte à l'enfance. A l'âge de onze ans, il est choriste au conservatoire de Béjaïa auprès de Cheikh Sadek El Bedjaoui, maître de la musique arabo-andalouse qui l'initie au répertoire musical andalou, kabyle et chaâbi. Quelques années plus tard, Hamsi s'installe à Alger pour y poursuivre ses études. Les années algéroises s'avèrent riches en perspectives musicales. Il découvre le chant polyphonique et devient chef de cœur au sein d'une chorale. Puis, il réalise son premier 45 tours, Houria-Nedjma et participe au stage de direction de maître de chœur organisé par le mouvement A cœur joie à Carpentras en France.
De 1976 à 1978, il effectue son service militaire et dirige le groupe musical de sa caserne. Puis, il entre au Centre de recherches anthropologiques, préhistoriques et ethnologiques (CRAPE) à Alger, où il occupe le poste d'assistant ethnomusicologue auprès de l'anthropologue et écrivain, Mouloud Mammeri. Il participe aux différentes enquêtes ethnographiques de terrain au cours desquelles il recueille des chants du terroir. En 1979, il émigre en France où il enregistre plusieurs 45 tours aux éditions Azwaw. En 1981, il s'installe à Bruxelles et crée un groupe, organise des concerts en Belgique, en France, en Hollande, en Suisse et participe à de nombreuses émissions à la Télévision et à la Radio belges. Il milite pour des causes humanistes, manifeste sa solidarité à l'égard des non-inscrits de la commune de Schaerbeek en participant à une grève de la faim. Il s'implique dans des mouvements anti-nucléaires pour la non-violence et la paix dans le monde.
Entre 1882 et 1989, il réalise plusieurs albums dont Le Chant des profondeurs, Tameyra dit gurarin et compose la musique des documentaires Kateb Yacine, L'Amour et la Révolution (Kamel Dehane) et Territoire de la mémoire (Communauté française). Avide d'explorer d'autres champs artistiques, il se lance dans l'écriture de contes pour enfants et édite plusieurs livrets dont Si tu veux la paix, prépare l'enfance, un livret 45 T. au profit de l'Unicef dans le cadre de la célébration de l'Année internationale pour la paix ; Le Vieux, l'Enfant et la Canne, publié aux éditions Casterman ; Itouma et la forêt trahie aux éditions L'Harmattan... En 1988, par le fruit d'un pur hasard, Hamsi se verse dans la peinture naïve. Il participe à de nombreuses expositions. Son style est fortement apprécié et acquiert rapidement de la notoriété.
En 1989, il obtient le 1er prix du concours international du Musée d'art naïf de Lasne (Belgique). Un début de reconnaissance après un long cheminement marqué par des tâtonnements et des doutes... A partir de 1990, il expose à Bruxelles, Paris, Londres, aux Pays-Bas, en Suisse... Il obtient le diplôme de participation au 19e concours international de la Galerie Pro Arte Kasper en Suisse et le diplôme d'honneur de l'exposition internationale Prisma 90, en Belgique. Durant l'été 1990, il expose ses toiles au Théâtre régional de Béjaïa en Algérie.
Dans les années 1995-1996, Hamsi B. crée l'association Afous dans le cadre du projet « Les mains de l'espoir » qui a reçu le label « Action phare pour la culture de la paix » de l'Unesco en 2000. Au fil des ans, cette initiative en faveur de la paix dans le monde a pris une ampleur internationale. En effet, depuis le premier atelier organisé en décembre 1995 à Molenbeek (Bruxelles), La ronde de l'espoir, rebaptisée plus tard La ronde universelle a fait du chemin, sillonnant les communes bruxelloises, la Flandre, la Wallonie puis bien d'autres pays : France, Bosnie, Algérie, Hollande, Allemagne, Sénégal... Les participant(e)s sont invité(e)s à dessiner l'empreinte de leur main sur une feuille et à l'agrémenter d'un dessin et/ou d'un message de paix. Ces ateliers, animés aussi bien par des enfants que par des adultes, accueillent diverses initiatives à travers le monde : réalisation de la fresque de l'Espoir à Genève pour le Grand rassemblement de la jeunesse de la francophonie ; deux fresques du millénaire à Bruxelles ; le Mur de l'espoir aux abords de la prison de Saint-Gilles (Bruxelles) ; une fresque pour célébrer le 10e anniversaire de la Convention des droits de l'enfant et ce, dans le cadre d'un atelier des enfants demandeurs d'asile. Cette initiative internationale, à visée humaniste, qui puise sa symbolique dans la culture d'origine de Hamsi, a obtenu le soutien ainsi que l'adhésion d'un grand nombre de personnalités de par le monde : acteurs, hommes politiques, artistes... Des sommités telles que le défunt Yasser Arafat, l'Abbé Pierre, Barbara Hendricks et bien d'autres ont bien voulu offrir leurs mains pour conjurer le mauvais sort et semer la paix et la non-violence à travers le monde.
En 1998, Hamsi Boubekeur est sollicité par les autorités belges pour décorer la station de métro Lemonnier, située dans le centre de Bruxelles, à proximité de la gare du Midi. Pour répondre à cette demande, le peintre s'inspire du projet Les Mains de l'espoir, et réalise une œuvre qui se décline sous la forme d'une quarantaine de mains qu'il peint sur des panneaux de multiplex marins qu'il coordonne en trois ensembles de cinq mètres de haut accrochés sur les murs des quais du métro. En décembre 1999, la station Lemonnier, ornementée de ces mains, symboles de métissage et porteuses d'un message de paix, est inaugurée en la présence de personnalités belges et algériennes. En 2007, des travaux de réfection s'imposent : les panneaux de bois plaqués sur les murs en ciment sont remplaçés par des tôles émaillées. Mais avant d'être sérigraphiées, les mains sont dessinées à l'encre de Chine et ornementées de motifs inspirés de l'art pictural berbère auxquels viennent s'ajouter des dessins créés par le peintre. Ainsi, « une trentaine d'œuvres ont été combinées, reproduites, agrandies dans seize dimensions différentes ». Au total, trois cents panneaux ont été produits et recouvrent les murs du métro Lemonnier que Hamsi B. rêve de rebaptiser « la station du bien-être ». L'inauguration officielle de la nouvelle station de métro ornée des nouvelles mains aux motifs berbères a eu lieu en avril 2009. L'histoire de ce remodelage et de cette transformation a été filmée par Yves Gervais et Stéphanie Meyer à travers leur documentaire, Une empreinte de la vie.
En 2005, Hamsi se lance dans la réalisation de bannières, nouvelles créations qu'il intitule Paroles tissées. Celles-ci se déclinent sous forme de longues bandes de papier ornementées de motifs et de dessins géométriques, en couleurs et en noir et blanc, inspirés de l'art pictural berbère que le peintre, devenu graphiste, reconfigure au gré de son inspiration et de son imagination. Réalisées à l'acrylique sur du papier spécial, ces longues bandes, qui ne dépassent pas 53 cm en largeur, dénotent l'existence chez le peintre d'une ouverture et d'une volonté d'innover et de renouveler son art notamment au plan technique et symbolique. En octobre 2009, Hamsi Boubekeur a été promu Officier de l'Ordre de la Couronne à Bruxelles pour l'ensemble de son oeuvre.


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