Alors que le nom d'un officier putschiste est scandaleusement honoré à Orange (Vaucluse), un courrier a été adressé au préfet, demandant l'annulation de la délibération municipale. Jean-François Gavoury, président de l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS (Anpromevo) a adressé une lettre au préfet de Vaucluse, Bertrand Gaume, au sujet de la délibération du conseil municipal d'Orange, qui entend rendre hommage à un officier putschiste d'Alger en 1961. L'Assemblée communale avait voté, le 17 mai dernier, la dénomination d'un rond-point au nom du «lieutenant-colonel Charles-Gilbert de la Chapelle – chef de corps du 1er REC 1960 1961». La cérémonie de dévoilement de la plaque devrait avoir lieu vendredi 7 juin dans la matinée. Pour M. Gavoury, «cette date ne doit rien au hasard : en effet, ce jour-là correspondra au cinquante-septième anniversaire de l'exécution de Dovecar et Piegts, condamnés à la peine de mort le 30 mars 1962 aux termes d'un jugement rendu au nom du peuple français par le tribunal militaire de Paris : le premier, Dovecar Albert, sergent déserteur du 1er REP, pour avoir volontairement donné la mort à Gavoury Roger, et ce, avec guet-apens, le second, Piegts Claude, agent d'assurances, pour s'être rendu complice de l'homicide volontaire commis avec guet-apens sur la personne de Gavoury Roger». Fils de Roger Gavoury, contrôleur général de la Sûreté nationale, assassiné dans l'exercice de ses fonctions de commissaire central d'Alger le 31 mai 1961, et de président de l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS (Anpromevo), Jean-François Gavoury demande au représentant de l'Etat de «mettre en œuvre la procédure de contrôle de la légalité à l'égard de cette délibération». Outre la forme, il insiste surtout sur le fond, à savoir que pour cette décision «l'intérêt local n'est pas établi, dans la mesure où, d'une part, aucune attache de Charles-Gilbert de La Chapelle à Orange n'apparaît dans l'exposé des motifs de la délibération et, d'autre part, le 1er Régiment étranger de cavalerie est désormais basé à Carpiagne (Bouches-du-Rhône)». M. Gavoury relève que la délibération est «de nature politique» et vise, de l'aveu même du maire en séance, «à honorer ceux qui ont défendu le travail qui avait été fait par les gens qui représentaient la France et qui amenaient des hôpitaux, des écoles dans des territoires où on est bien obligés de constater que la barbarie, voire le cannibalisme, restait…». Des propos qui dépassent la mesure. Qu'on publie pour montrer jusqu'où peut aller cet élu de la République française, sans honte. Maire d'Orange depuis 1995, Jacques Bompard fait partie des hommes politiques français qui n'ont de cesse de promouvoir le passé colonial de la France. On peut le citer : «On veut culpabiliser la France dans son travail colonial. Or, je crois qu'avec le recul, nous avons la preuve que le travail qu'a fait la France dans son passé colonial est un travail qui honore notre pays.» Le président de l'Anpromevo insiste au contraire pour affirmer que cet élan révisionniste de l'élu et de sa majorité (Ligue du sud – extrême-droite) masque grossièrement, «à travers la personne d'un putschiste, l'apologie d'une organisation terroriste, l'OAS (‘‘idéologiquement criminelle et, dans ses actes, barbare'', pour reprendre les mots prononcés publiquement par Bertrand Delanoë, maire de Paris, le 6 octobre 2011 au cimetière du Père-Lachaise) responsable de quelque 2700 morts en Algérie et sur le territoire métropolitain».