Les travailleurs exercent souvent dans un état de stress prolongé, ce qui risque de les mettre à la merci de diverses pathologies. Le monde du travail va mal, non pas au vu des maigres salaires des travailleurs, mais à cause des conditions dans lesquelles exercent ces derniers. Telle est la conclusion qu'on peut tirer de la célébration de la journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail, pour laquelle la DSP a initié une rencontre autour du même thème mercredi dernier. Il convient de rappeler que depuis 2003, et à la faveur des luttes syndicales, le bureau international du travail (BIT) a institué une journée vouée à la sécurité et la santé au travail, célébrée le 28 avril de chaque année. L'initiative de la direction de la santé et de la population de la wilaya de Jijel a, toutefois, buté contre l'indifférence des acteurs impliqués dans le monde du travail, à commencer par les employeurs, majoritairement absents lors de cette rencontre, en dépit de la quarantaine d'invitations qui leurs ont été adressées. L'absence d'un débat contradictoire, à cause justement de celle des représentants des organismes concernés, n'a cependant pas empêché les communicants de dresser un tableau peu reluisant de la situation de la sécurité et de la santé dans les différents lieux de travail. Pour le Dr Chemchem, auteur d'une communication sur « L'évaluation des risques professionnels dans l'entreprise », ladite évaluation ne se fait pas convenablement, ce qui se répercute, selon lui, sur la santé des travailleurs. Un salaire inconséquent est l'une des causes du stress professionnel, au même titre que la peur des licenciements, la pression de l'administration et l'absence d'une promotion dans la carrière, a souligné le Dr Khemar dans une intervention intitulée « Les pathologies émergentes en médecine de travail ». Celui-ci a averti qu'un stress prolongé dans le temps peut engendrer de graves maladies telles que les pathologies cardiovasculaires, les dépressions et les troubles musculo-squelettiques. Le travail sur écran engendre ces troubles, que les experts du BIT ont classés parmi les pathologies émergentes en médecine du travail. L'inexistence de statistiques relatives aux accidents de travail et maladies professionnelles a laissé un goût d'inachevé lors des débats ayant suivi les différentes communications. Le nombre de 167 accidents de travail enregistré par le service de médecine du travail de l'EPH de Jijel en 2009, ne peut refléter la réalité, étant donné que plusieurs autres cas sont enregistrés ailleurs, a déploré le Dr Bellal. Le secteur du bâtiment et travaux publics arrive en tête avec 85 accidents. Les hommes sont les plus concernés par les accidents de travail avec 152 cas, et la tranche d'âge des 40-50 ans est la plus touchée. Les circonstances de survenues d'accidents de travail sont multiples, mais les chutes de haut et la manipulation des outils et des machines sont les plus fréquentes.