Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a insisté samedi, lors de sa visite dans la wilaya de Jijel, sur l'ambition de son département d'imprégner un rythme plus soutenu au secteur pour arriver à moderniser l'agriculture d'ici 5 ans. Cette barre haute a été affichée après inspection sur chantier de la future pépinière hors sol, en cours de réalisation à Kissir, dans la commune d'El Aouana. Ayant été mis au courant sur les capacités de production de plants d'olivier programmés, le ministre n'a pas manqué de faire remarquer la détermination de son département, beaucoup plus grande, de planter un million d'hectares d'olivier à l'échelle nationale d'ici 2014. Il a prévenu, à ce propos, que ce n'est pas en marchant lentement qu'on sera au rendez-vous, et de préciser que c'est le message qu'il veut transmettre aux différents acteurs : « Adopter une cadence que le défi nous impose ! » A notre question sur la cherté de certains produits agricoles, en dépit de leur large disponibilité, il a expliqué que ce qu'il faut savoir, c'est que depuis une année et demi, dans le cadre de la politique du renouveau agricole et rural, la dimension régulation est en train de se construire. Il a mentionné également qu'il y a eu d'abord le lancement du système de régulation des produits de large consommation (Syrpalac) qui permet, a-t-il dit, d'éviter les perturbations et de sauvegarder par ailleurs les revenus des agriculteurs. Il y a eu également, a-t-il ajouté, la création de l'office interprofessionnel des légumes et viandes (Onilev) qui est en train de se structurer. Le ministre a souligné l'importance de sécuriser ainsi les agriculteurs, lesquels travailleront plus ; s'ils améliorent les rendements, il en résultera, a-t-il conclu à ce propos, plus de produits. « C'est ce que nous sommes en train de vivre avec la pomme de terre », dira-t-il fièrement, avant d'ajouter qu'il faut que « cette dynamique touche l'ensemble des filières ». Sur le même sujet, des agriculteurs exposant à la maison de la culture, Omar Oussedik, n'ont pas caché leur agacement devant les énormes marges empochées par les grossistes et détaillants, rendant leurs produits inaccessibles aux petites bourses. Un agriculteur d'El Achouat, dans la commune de Taher, nous montrera le piment, cédé le matin même à 38 DA, qui se vend à plus de 60 DA au marché. « Les revendeurs, s'est-il exclamé, se permettent des bénéfices supérieurs à ceux des agriculteurs qui travaillent dur pendant toute l'année pour assurer leur récolte ». Il faut bien reconnaître qu'un des plus importants maillons de l'organisation du commerce des fruits et légumes relève justement du ministère du Commerce. Et c'est ce qui a fait jaser un des agriculteurs avec qui nous avons discuté. « Où est ce marché de gros qu'on a tant promis ? » a-t-il interrogé. Questionné sur la nouvelle loi relative au foncier agricole qui fixe la concession sur 40 ans, renouvelable, le ministre a noté que le projet de loi a été endossé par le conseil de gouvernement. Il sera, a-t-il précisé, présenté en conseil des ministres pour ensuite passer à l'Assemblée nationale et au Conseil de la nation avant son adoption. A propos des craintes de certains exploitants agricoles, il dira : « Nous allons conforter les exploitations agricoles et créer les conditions nécéssaires pour qu'elles expriment mieux leurs potentialités dans un cadre sécurisé. » Les actions menées par son département ont pour seul objectif, a-t-il affirmé, de « sécuriser les acteurs à la base et leur permettre de mieux valoriser les terres agricoles et de pouvoir relever avec les autres le défi de la sécurité alimentaire qui est synonyme du renforcement de la souveraineté nationale ». Si la sécurisation concerne ceux qui sont sur place, le ministre n'a pas manqué aussi d'apporter cette petite précision : « Et ceux qui ont respecté la loi ». Pour ce qui est de l'effacement des dettes des agriculteurs, il a affirmé que le processus a été enclenché au lendemain de la décision du président de République à Biskra, en février 2009. Sur les 41 milliards de dinars, les banques concernées, a-t-il expliqué, ont, à ce jour, vu le rachat de 36 milliards de dinars par le Trésor public. Enfin, et en réponse à une question sur l'éventuelle importation de viande rouge du Soudan, le ministre a juste fait savoir que « des opérateurs sont en contact », mais que « jusqu'à ce jour aucune demande de visa sanitaire n'a été présentée à (son) département ». Il a tout de même tenu à préciser que c'est une affaire commerciale qui doit obéir à la réglementation en vigueur. Pour en revenir à la visite proprement dite, elle a été entamée à El Aouana, plus exactement au niveau du parc animalier de Kissir, relevant du Parc national de Taza. C'est une structure qui a été adoptée par des milliers de citoyens qui arrivent désormais même des wilayas limitrophes. Un parc dont les entrées quotidiennes s'envolent pour atteindre les 15 000 visiteurs durant la saison estivale. Pendant la basse saison, la fréquentation est réduite mais demeure relativement importante les week-ends. Le ministre s'est, par ailleurs, rendu sur le chantier de réalisation d'une pépinière hors sol pour un montant de 90 MDA (millions) avant d'inaugurer une exposition de produits agricoles à la maison Omar Oussedik de Jijel. Le reste du programme a concerné la visite de coopératives et unités dans les communes d'El Milia, de Texenna, Taher et l'Emir Abdelkader.