Les quinze membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont voté, lundi à l'unanimité, le renouvellement pour un an de l'embargo sur les armes en Libye. Un embargo qui n'a jamais été appliqué dans la pratique. A ce propos, l'ONU a déploré encore cette fois l'arrivée d'armements dans le pays depuis deux mois. Depuis le lancement, début avril, de l'offensive du maréchal Khalifa Haftar pour s'emparer de Tripoli la capitale, plusieurs arrivages d'armes ont été signalés. Il s'agit de matériel de fabrication turque, jordanienne et émiratie. Ce matériel est destiné aux deux belligérants. Dans un rapport récent, le Comité des experts de l'ONU chargé de contrôler l'embargo a indiqué enquêter sur l'implication possible des Emirats arabes unis dans le lancement en avril de missiles sur des unités fidèles à Tripoli. Par ailleurs, il a été décidé de prolonger jusqu'au 30 septembre 2019 le mandat de l'opération militaire européenne Sophia, chargée de lutter contre les réseaux de passeurs de migrants. Pour alerter sur ce qui se profile en Libye, Ghassan Salamé, le chef de la mission d'appui des Nations unies en Libye, avait résumé la situation dans une formule qui glace le sang : «Je ne veux pas jouer les Cassandre, mais la violence aux abords de Tripoli n'est rien d'autre que le début d'une guerre longue et sanglante sur les rives sud de la Méditerranée», avait-il lancé à New York, devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Si sa sonnette d'alarme a trouvé une oreille attentive qui a poussé dans le sens de l'embargo sur les armes, le décompte des affrontements est plutôt macabre. Depuis le début des combats, 653 personnes ont été tuées et 3547 autres blessées à Tripoli et dans ses environs.