Les ponts ne sont pas rompus entre le maréchal libyen Khalifa Haftar, homme fort de l'Est du pays, et l'émissaire de l'ONU pour la Libye Ghassan Salamé, a assuré ce dernier, hier, à France 24. Dans une interview à la chaîne internationale française, le négociateur onusien a commenté une précédente déclaration du maréchal Haftar, qui avait estimé dimanche que M. Salamé était devenu «un médiateur partial» dans le conflit qui l'oppose au chef du gouvernement Fayez al-Sarraj, en assurant qu'il s'agissait là d'un malentendu, dissipé depuis. Le maréchal Haftar «avait été mal informé sur le texte» du dernier rapport de M. Salamé au secrétaire général des Nations unies. «Il a eu l'occasion de relire le texte et de voir que c'est un texte exactement factuel», a indiqué le diplomate. Le maréchal Haftar «m'a demandé de poursuivre ma médiation», a ajouté M. Salamé, qui a assuré n'avoir à aucun moment songé à démissionner de son poste. Le 21 mai, M. Salamé avait affirmé devant le Conseil de sécurité que la Libye était «sur le point de tomber dans une guerre civile». Le diplomate libanais avait averti que les combats opposant près de Tripoli Khalifa Haftar et son autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) au Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale pourraient «conduire à la division permanente du pays».»La partition de la Libye, c'est peut-être ce que nos adversaires veulent. C'est peut-être ce que Ghassan Salamé souhaite aussi», a déclaré M. Haftar au JDD. «Mais tant que je serai vivant, jamais cela ne se produira», a-t-il conclu en laissant supposer une fin de recevoir à l'adresse du représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Libye où devait se tenir une conférence dite de dialogue inclusif entre les différentes parties au conflit en avril dernier, compromise et donc annulée après le déclenchement de l'offensive du maréchal Haftar contre Tripoli. La Libye est plongée dans le chaos, avec des luttes de pouvoir sanglantes et une forte présence des milices aussi bien dans la Tripolitaine que dans le Fezzan où elles font la loi depuis la chute du régime de Maammar El Gueddafi en 2011, après une révolte populaire soutenue par une intervention militaire occidentale. Depuis le lancement le 4 avril de l'offensive des partisans de Khalifa Haftar contre Tripoli, les combats ont fait au moins 560 morts et plus de 2.500 blessés et ont poussé à la fuite plus de 80.000 personnes, selon des agences de l'ONU.