Depuis plus de quatre ans, Aït-Smaïl, une commune située aux confins de la wilaya de Béjaïa, à la frontière est avec Sétif, s'impatiente et espère être raccordée au réseau du gaz naturel dans les plus brefs délais. Depuis le lancement du projet en 2015, la population vit au rythme des travaux prenant en charge la mise en place du réseau de distribution. Les 118 kilomètres de conduites nécessaires pour alimenter les 3000 branchements sont partagés en quatre lots et pris en charge par trois entreprises. Les travaux ont connu plusieurs arrêts liés principalement au retard dans les payements des situations et aussi à cause de quelques oppositions de citoyens. Après tout ce temps, seulement 60% du réseau sont achevés. Le principal souci demeure le gel de la partie du projet qui était censée prendre en charge la station de détente et le réseau de transport à partir de Tala Ifassen, relevant de la wilaya de Sétif. La crise économique qui a secoué l'Algérie a été mise en avant par les autorités pour justifier ce gel. La promesse du dégel de ce projet, faite par l'ex-ministre de l'Energie après son interpellation par le P/APC lors de sa visite le 14 février dernier dans la wilaya de Béjaïa, est demeurée lettre morte. «Nous attendons seulement que la promesse du ministre se traduise sur le terrain pour lancer les travaux de la station de détente et du réseau de transport», nous avait déclaré le directeur de l'énergie de Béjaïa, Chaouche Mohamed. L'autre solution, préconisée le jour de la rencontre avec le ministre et qui a reçu l'aval de ce dernier, consistait à réaliser un branchement à partir du village limitrophe de Bouiman, une localité de la commune d'Aït-Tizi, relevant de la daïra de Bouandas. A ce jour, elle n'est toujours pas traduite sur le terrain. Brancher toute une commune sur le réseau alimentant une bourgade ne serait pas judicieux. Autrement dit, il faudrait au préalable réaliser des essais, mener des études et débloquer une enveloppe à cet effet pour finalement alimenter un nombre très limité de foyers, ce qui pourrait attiser la contestation des autres citoyens. Même si elle demeure une option, cette solution n'emballe pas les responsables du secteur, qui pensent que la solution idoine serait la réalisation d'une station de détente pour alimenter toute la commune en même temps. Au grand dam des habitants de cette commune, certains observateurs avouent que cette dernière devra encore attendre longtemps avant de pouvoir profiter de cette précieuse denrée. Selon eux, en plus de la conjoncture économique actuelle du pays, d'autres facteurs ne plaident pas pour un aboutissement rapide de ce projet. D'abord, il y a la persistance de quelques oppositions qui risquent de perturber le bon déroulement des travaux. Aussi, le fait que ce projet soit confié à Kanagaz pourrait encore repousser les échéances. Actuellement, et à l'échelle nationale, un grand nombre de projets, dédaignés par d'autres entreprises pour cause de problèmes liés aux difficultés techniques ou aux nombreuses oppositions, ont été confiés à Kanagaz. Une situation qui a conduit cette dernière à éparpiller son personnel et ses moyens à travers plusieurs chantiers, réduisant ainsi grandement sa capacité à livrer les projets dans les temps. Alors, même si la situation économique s'améliore et que le projet connaît un dégel, cette entreprise serait incapable de réaliser la totalité des travaux qui lui ont été confiés dans le cadre de ce projet en l'espace de six mois. Malgré ces moult facteurs, qui ne plaident pas pour l'aboutissement de ce projet dans l'immédiat, la population préfère positiver et tout le monde espère rompre avec la dureté des conditions de l'existence liées principalement aux aléas climatiques pendant les hivers brutaux qui sévissent dans la région. Enfouie entre deux massifs montagneux, Adrar N'fad, au nord (environ 1650 m), et Takouchte, au sud, dont le sommet culmine à plus de 1850 m, cette commune souffre, depuis toujours, car grandement exposée au froid glacial des hivers, généralement enneigés. Pendant ces longs mois hivernaux, les habitants avaient pris l'habitude de se débrouiller. Pour se prémunir contre le froid, ils se chauffent avec les moyens du bord : poêles à mazout, à bois et généralement au gaz butane, quand ils sont épargnés par les pénuries. Sans ce projet d'alimentation en gaz naturel, la population, dont la majorité des habitations sont cantonnées entre 500 et 1100 m d'altitude, va devoir encore continuer à peiner.