Des milliers de Palestiniens ont manifesté, hier, dans la bande de Ghaza, pour le « droit au retour » des réfugiés de 1948, en commémoration de la « Nakba » (catastrophe, en arabe) que fut pour les Palestiniens la création d'Israël. Plus de 3000 Palestiniens ont manifesté à la sortie de la prière du vendredi dans le camp de réfugiés de Jabaliyah, à l'appel du mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza depuis juin 2007. Les manifestants agitaient des drapeaux palestiniens et des étendards du Hamas, tandis que des enfants brandissaient les clés des maisons perdues. Près de 3000 autres ont manifesté au même moment dans le camp de réfugiés de Nousseirat, à l'appel du mouvement islamiste Jihad islamique. « Nous ne renoncerons jamais au droit au retour des réfugiés dans leurs villes et villages », a déclaré à Jabaliyah un dirigeant du Hamas, Mouïn Mderes, qui a appelé « à l'unité nationale dans la résistance » face à Israël. « Nous appelons tous les Palestiniens, tous les Arabes et musulmans à soutenir le jihad et la résistance, pour être prêts à la prochaine bataille avec l'ennemi sioniste », a proclamé, pour sa part à Nousseirat, un dirigeant du Jihad islamique, Mohammed al-Hindi. Aujourd'hui, pour le 62e anniversaire de la Nakba, une manifestation unitaire regroupant des sympathisants du Hamas et du Fatah, le parti du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, est prévue à Ghaza-ville. De son côté, l'Autorité palestinienne a de nouveau appelé hier Israël à reconnaître un « droit au retour » pour les réfugiés de 1948. « La catastrophe continue. Il faut trouver une solution à la question des réfugiés basée sur la résolutions 194 des Nations unies », a déclaré dans un communiqué le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, en référence au « droit au retour ». Adoptée le 11 décembre 1948, renouvelée chaque année, mais jamais appliquée, cette résolution stipule que « les réfugiés qui désirent rentrer dans leurs foyers et vivre en paix avec leurs voisins devraient y être autorisés le plus vite possible » et que « des dédommagements devraient être versés pour les propriétés de ceux qui ne veulent pas revenir ». M. Erakat a accusé Israël de « perpétuer la Nakba par sa politique d'expulsions, de démolition de maisons, de colonisation et de blocus ». Plus de 760 000 Palestiniens — aujourd'hui quelque 4,7 millions avec leurs descendants — ont été poussés à l'exode lors de la création d'Israël, fuyant l'avancée des forces juives ou en étant chassés de leurs maisons. Tous les gouvernements israéliens depuis 1948 se sont opposés au droit au retour —sauf parfois pour un nombre très limité de familles — considérant qu'un retour en masse menacerait l'existence d'Israël en tant qu'Etat juif, les 5,7 millions de juifs risquant de se retrouver vite en minorité.