Il était l'un des musiciens et compositeurs algériens les plus prolifiques de sa génération. Aujourd'hui, il est peu connu par la génération actuelle, alors qu'il a signé dans les années 1970 des compositions musicales pour plus de 200 films, documentaires, pièces de théâtre, génériques, jingles et feuilletons. Pour ceux qui veulent connaître ou redécouvrir le parcours de cet homme d'exception, une seule adresse : le Musée public national moderne et contemporain, où une magnifique rétrospective lui est consacrée sous le titre «Une rétrospective, Planète Malek». Mais quelle est la genèse de cette imposante exposition qui se donne à découvrir avec un réel plaisir et intérêt à la fois ? La réponse est apportée au niveau de l'affiche de l'exposition, où il est clairement précisé que l'idée d'une exposition est apparue pendant la confection de la réédition vinyle de l'album Musique originale de films, en 2016. «C'est à ce moment-là que nous nous sommes rendu compte non seulement du caractère exceptionnel de l'héritage d'Ahmed Malek, mais aussi des efforts que sa femme et ses filles avaient faits pour construire des archives de qualité. C'est d'ailleurs celles-ci qui nous ont invités à nous intéresser plus en détail à la complexité du personnage. Nous tenons à remercier Henya et Maya Malek d'avoir fait confiance en nos idées. Merci aussi au Musée public national d'art moderne et contemporain d'Alger, l'Institut Goethe d'Alger et l'ambassade d'Allemagne à Alger d'avoir rendu ce projet possible», soulignent Habibi Funk and Sadaf Vasaei, Berlin. Ainsi, cette exposition donne, certes, un aperçu inédit des archives d'Ahmed Malek, collectées par ses filles Maya et Henya, mais lève, également, le voile sur certains épisodes de la vie si singulière, mais prolifique, de cet artiste de référence. L'exposition en question est structurée en plusieurs parties. En effet, le visiteur est convié à déambuler au niveau du musée à travers des haltes bien précises, à commencer par cette sélection de photos de haute résolution en couleurs et noir et blanc. Des clichés parlant et joyeux à la fois, capturés -rappelons-le- par Danielle Berkmans, épouse d'Ahmed Malek. On retrouve, ainsi, le défunt en compagnie de Reinette Daoud, Leïla El Djazaïria, Najat El Tounsia, ou encore avec Meriem Fekkaï. Dans d'autres photos, on aperçoit Ahmed Malek sur une moto, lors de ses nombreux voyages à l'étranger, jouant aux cartes avec des potes, et en posant avec certains instruments musicaux qu'il maîtrisait à la perfection, à l'image de l'accordéon, la flûte traversière et la contrebasse. Dans des comptoirs à vitrines, sont exposés une série de papiers personnels ayant appartenu à Ahmed Malek, tels que sa carte d'identité, son diplôme de certificat d'études primaires, ses diplômes du Conservatoire municipal d'Alger, sa carte professionnelle du comité des fêtes de la wilaya d'Alger et son laissez-passer compris entre 1962-1963. Le regard est, également, happé par ce poème dédié à sa fille Henya, décliné en partition musicale, son blouson spencer et sa chemise Pierre Cardin. Dans d'autres comptoirs vitrines sont agencés de pochettes de disques de vinyle de 33 tours et de 45 tours et des coupures de journaux relatant son parcours artistique. Mieux encore, le potentiel visiteur est invité à se rapprocher de postes interactifs pour écouter quelques-unes de ses pistes musicales, dont, entre autres, Leïla et les autres, Les déracinés, Autopsie d'un complot. Pour donner un peu plus de visibilité sur le travail de cet artiste qui est décédé en 2008 à Alger, des affiches de films sont à l'honneur tels que Omar Gatlatou, de Merzak Allouache, Zone interdite, d'Ahmed Lallem, Moisson d'acier, de Ghaouti Bendedouche, Autopsie d'un complot, de Slim Riyad, Les déracinés, de Lamine Merbah. Des films mythiques auxquels il a contribué en composant avec brio les bandes de son.