Alger a vécu des moments mémorables aujourd'hui, 20e vendredi de la révolution pacifique qui coïncide avec le 57e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Des centaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues de la capitale, pour dire « Non à l'Etat militaire » et exiger la libération des détenus politiques. Dès la matinée, vers 10h00, des centaines de personnes sont sorties pour manifester dans le centre de la ville. Les manifestants, devenus au fil des heures des milliers, ont scandé des slogans hostiles au pouvoir et appelant à la libération de l'Algérie. Les forces de sécurité, mobilisé en très grand nombre, ont arrêté plusieurs manifestants, selon des témoins oculaires. Vers 13h45, à la rue Didouche Mourad. Une foule immense déferle sur le centre de la capitale en scandant « Etat civil, non militaire », « pas d'élections avec les gangs » et « la main dans la main on chassera le gang ainsi que Gaid (Salah) ». La foule géante, composée de femmes et d'hommes de tous les âges ainsi que d'enfants, hissait des banderoles qui annoncent, avec des lettres lisibles de loin : « Pas de dialogue, libérez les détenus », « 1962 : indépendance confisquée. 2019 Algérie indépendante » et « Non à la régénération du système ». D'autres manifestants ont écrit sur des pancartes : « Libérez les otages et pliez bagages », « Les Algériens sont frères, aucune main, intérieure ou étrangères, ne pourra les diviser », « Halte à l'arbitraire » ou encore «Le pouvoir au peuple, Assemblée constituante souveraine ». De nombreuses pancartes ont été dédiées au moudjahid Lakhdar Boureagaa et à tous les détenus d'opinion dont ceux arrêtés pour port du drapeau amazigh. #Alger : » Le peuple veut l'indépendance » pic.twitter.com/76U3Y69VuR — Farouk Djouadi (@FaroukDjouadi) 5 juillet 2019 Colère contre Gaïd Salah et les médias Le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, a été la cible principale des manifestants qui l'ont affublé de slogans des plus acerbes. Les manifestants ont consacré une partie de leur temps et de leur energie aux médias algériens qu'ils ont qualifiés de « flagorneurs », voire de « traîtres ». Les portraits des martyrs de la guerre de libération, à l'exemple de Benboulaid, Amirouche, Ben M'hidi…, étaient également présents en force lors de cette 20e marche pour le changement du système. 14h30 des processions interminables continuent d'arriver au centre d'Alger en provenance des boulevard Amirouche et Zirout Youssef. La foule, immense, chantait entre autres slogans, « Echââb yourid Elistiklal (le peuple veut l'indépendance », « Maranach habbssine (nous nous arrêterons jamais) » « Leblad blad'na (le pays est le nôtre, nous ferons ce que nous voulons ». A 15h30, la manifestation bat son plein. La rue Hassiba est bondée de marcheurs venus de l'est de la capitale. Parmi eux, de nombreux jeunes supporteurs du club d'El Harrach. Les frictions avec les policiers étaient inévitables, malgré les efforts de plusieurs manifestants qui se sont interposés pour séparer les deux camps. A 16h00, Alger vibre encore au rythme de « Etat civil, non militaire » clamé par la marée humaine qui a submergé la ville en ce 5 juillet 2019.