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2 milliards de dollars/an de manque à gagner
Renégociation de l'accord d'association avec l'Union européenne
Publié dans El Watan le 16 - 05 - 2010

L'Algérie s'apprête à la faveur de la tenue du 5e Conseil d'association de l'Union européenne, prévu le 15 juin à Bruxelles, à renégocier certaines clauses de l'Accord d'association conclu en septembre 2005 avec l'Union européenne (UE).
Nombre d'experts, estimant que l'accord en question a été mal négocié, préviennent contre la réédition des erreurs du passé. C'est le cas de l'économiste Salah Mouhoubi. « La renégociation de l'Accord d'association avec l'UE devient incontournable. Après sa mise en œuvre, l'Algérie n'a pas gagné grand-chose », estime M. Mouhoubi, joint hier par téléphone. Pour preuve, le manque à gagner pour la partie algérienne est estimé à 2 milliards de dollars annuellement, selon lui. « L'accord en question n'a pas permis l'émergence des espoirs qu'on attendait. La mise à niveau de notre économie n'a pas suivi. Les investissements étrangers directs (IDE) hors hydrocarbures ont fait défaut », constate-t-il, en indiquant que l'Algérie doit mettre en place une « stratégie de négociation définie ». « L'Algérie doit renégocier sur des bases mutuellement bénéfiques », plaide-t-il. Ce qui n'est pas le cas depuis 2005. Pour 1 dollar exporté vers l'UE, l'Algérie importe pour 20 dollars. Et les importations algériennes de l'UE ont augmenté de près de 80%, passant de 11,2 milliards de dollars en 2005 à 20,8 milliards de dollars en 2008. Notre interlocuteur propose certaines pistes de réflexion.
La partie algérienne doit mettre l'accent, d'après lui, sur la nécessaire implication de l'UE dans la mise en place des conditions idoines devant « permettre une mise à niveau de l'économie nationale et surtout penser comment placer le produit agricole algérien sur le marché européen ». Il invoque également le facteur que devait constituer « le potentiel industriel et le marché algérien des plus porteurs », afin d'attirer les IDE. Quant aux chances d'aboutir à un accord mutuel, M. Mihoubi souligne que « l'UE n'est pas hermétique, étant donné qu'elle a accepté de renégocier certaines clauses ». Pour sa part, l'autre économiste, Mourad Ouchichi, estime que l'Algérie a mis la charrue avant les bœufs. « Avant la signature de l'accord en 2002, plusieurs observateurs avaient mis en garde les autorités quant aux risques d'adhésion à une zone de libre-échange avant d'entamer les réformes structurelles nécessaires au passage de l'économie nationale vers une économie productive », a-t-il précisé. La signature de l'accord le 21 avril 2002 et sa mise en branle quatre ans après, indique-t-il, « n'étaient nullement exploitées pour obtenir des concessions économiques, mais bel et bien pour arracher un soutien politique ». La partie algérienne avait négocié en position de faiblesse, eu égard ajoute-t-il, « au manque de légitimité populaire » du régime en place. Et cet économiste se dit nullement étonné de constater que l'Accord d'association soit mal négocié au plan économique.
M. Ouchichi souligne par ailleurs que l'accroissement du degré d'ouverture commercial avec l'UE, à travers la baisse des barrières tarifaires et non tarifaires, va entraîner au minimum un déséquilibre budgétaire, un creusement du déficit commercial, une probable régression de la croissance et un effet négatif sur l'emploi. Autre problématique : l'entreprise algérienne n'est pas à la hauteur des standards internationaux en matière de qualité et de services, en raison d'ailleurs de « la nature rentière et distributive de l'économie nationale ». Donc, impossible de se hisser, exception faite à certaines d'entre elles sur le marché européen. En somme, M. Ouchichi reste convaincu que l'Algérie ne possède pas les capacités pour imposer une révision de certaines clauses de l'Accord d'association avec l'UE, « car son régime politique n'est pas légitime ». Et le pire est à venir. « Si les choses demeurent en l'état, la zone de libre-échange va avoir lieu, l'appareil productif national va subir les conséquences et la société va payer les frais d'une décision politique (la signature de l'Accord d'association) prise en son nom sans qu'elle soit consultée », avertit-il.


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