Dans la perspective d'organiser pour l'année prochaine deux journées d'étude internationales sur l'eau à Constantine, l'Agence de bassin hydrographique constantinois-Seybouse-Mellègue a célébré sous le thème « L'eau, source de vie » la Journée mondiale de l'eau coïncidant avec le 22 mars de chaque année. Organisée à l'université Mentouri, la rencontre ne bénéficiant que d'une demi- journée a été quand même l'occasion de réunir universitaires et spécialistes de l'Agence de bassin hydrographique (ABH), de l'Agence nationale des ressources hydriques (ANRH) et de l'Office national d'assainissement (ONA). D'emblée, le directeur de l'ABH constantinois-Seybouse-Mellègue mettra l'accent sur l'insuffisance des débats et les carences enregistrées en matière d'études économiques, techniques, sociologiques et environnementales dans le secteur de l'eau. Malgré l'excellente pluviométrie enregistrée durant l'année 2004/2005 engendrant un taux de remplissage record des barrages, dira le conférencier, le déséquilibre persiste toujours entre production et consommation d'eau. Pour illustration, il abordera la question du manque à gagner relatif à la mobilisation jugée trop faible des ressources hydriques. Effectivement, les ressources superficielles estimées à environ 12 milliards de mètres cubes en Algérie ne sont exploitées qu'à hauteur de 50%. Seuls 1,7 milliard de mètres cubes sur les 6,7 des eaux souterraines évaluées en Algérie sont utilisés dans le Nord algérien, puisque pas moins de 5 milliards de mètres cubes se concentrent dans le Sahara. Quant aux ressources hydriques dites « non conventionnelles », issues des stations d'épuration et du dessalement des eaux de mer, des études sont toujours en cours et les coûts envisagés demeurent trop importants. Le directeur de l'ABH n'ira pas sans aborder les dysfonctionnements que connaît le réseau AEP qui enregistre pas moins de 45% de taux de déperdition ainsi que le réseau d'assainissement à réhabiliter d'urgence. Lors de l'intervention de M. Mebarki, enseignant à l'université de Constantine, la problématique de la mise en œuvre et de la gestion des barrages a été abordée de manière détaillée. Hormis la lenteur des travaux, le conférencier soulignera les aléas que connaît l'un des plus grands barrages de l'Est, le barrage de Beni Haroun, en l'occurrence. D'une capacité globale d'un million de mètres cubes et doté d'un système de transfert régional, le barrage connaît pourtant un grand problème d'envasement. Il paraît évident, comme le précisera le conférencier, qu'il perde en l'espace de quelques années à peine plus d'un quart de sa capacité globale. Outre cet aspect, le remplissage du barrage demeure tributaire des conditions climatiques et est fortement soumis à une intense pollution. La communication d'un autre enseignant de l'université Mentouri portera cette fois-ci sur les retenues collinaires dans la wilaya de Constantine. Pionnière dans le domaine, la wilaya jouit de treize retenues fournissant 2,2 millions de mètres cubes d'eau au lieu des 6,13 millions prévus pour l'irrigation. Ce déficit, comme le mentionnera le conférencier, est principalement dû à la mauvaise gestion de ces ressources ou encore au pourcentage de pertes par évaporation ou par infiltration. Néanmoins et malgré cet aspect de la chose, l'on saura que quatre retenues collinaires sont inscrites au programme de la direction de l'hydraulique. Les interventions se tourneront par la suite vers la question de la pollution des eaux dans la wilaya de Constantine. L'expansion industrielle et la pollution agricole seront mises à l'index par l'un des conférenciers qui citera l'exemple du barrage de Hammam Grouz. Les déchets toxiques déversés dans les cours d'eau par le complexe de Oued H'mimim, la tannerie de l'avenue de Roumanie et les unités industrielles de Chaâb Ersas seront tenus pour principaux responsables de la mauvaise qualité des eaux. Dans le même sillage, un exposé sur l'impact de la ville de Constantine sur la qualité écologique du Rhumel a été présenté par une enseignante du département de biologie. Les résultats des travaux en laboratoire montrent une médiocrité de la qualité de l'eau en amont de l'oued Rhumel fortement contaminé par le cadmium ainsi que l'oued Boumerzoug contaminé par le plomb. Le chrome, quant à lui, se trouve en teneur élevée à l'oued H'mimim ; le nickel se concentre en aval de la décharge du Treizième kilomètre. La région d'El Menia, Boumerzoug et El H'mimim se présentent de fortes quantités de zinc.